Deux bonnes blagues et une jolie comédienne... est-ce suffisant pour un film? On dirait que c'est le défi que s'est lancé Harold Ramis, l'homme derrière Le jour de la marmotte (probablement une erreur de parcours) et Diaboliquement vôtre, Analyse-moi ça! ou La moisson de glace. Le résultat? L'infect L'an un, un film puant et désagréable qui offre un humour approximatif misant sur les primitives déjections fécales, testicules coupés et torses poilus pour faire rire. Le ridicule atteint un paroxysme qu'il aurait mieux fallu éviter. Pour l'avancement de l'humanité.
Zed, le chasseur maladroit, et Oh, le cueilleur timide, vivent dans une tribu pré-historique. Lorsqu'ils sont bannis de leur village suite aux maladresses de Zed, les deux se dirigent vers les limites de la Terre, convaincus qu'ils vont tomber dans le vide. Ils réalisent plutôt que certains habitants de leur village, dont les belles Maya et Eema (délicieuse Juno Temple), ont été enlevés. Ils devront se rendre à Sodome afin de les libérer. Ils croiseront sur leur route des personnages bibliques. Et ils se pisseront dessus et mangeront du caca.
Michael Cera, qu'on dit charmant depuis Supermalades, y va de la même subtile maladresse qui fait son talent d'acteur. Il est parfois un peu drôle, c'est vrai, mais il est surtout inutile dans cette cacophonie des références bibliques, de machisme et d'humour scatologique. Jack Black, aussi fidèle à lui-même, n'est pourtant jamais aussi énergique que dans certains de ses rôles plus convaincants, entre autres parce que le récit, truffé de répétitions, est rarement prenant. S'y perdant eux aussi, les comédiens ne sont jamais drôles, se contentant toujours de la blague facile, celle qu'on voit venir dix minutes à l'avance.
Le récit accessoire sert à mener les comédiens dans divers lieux (et époques) afin de continuer à faire des blagues de mauvais goût (circoncision, luxure, etc.). Les nombreux anachronismes volontaires ne font que très peu rire, et les personnages secondaires, tous incarnés par des vedettes de la comédie américaine (Bill Hader, Hank Azaria, Oliver Platt, David Cross, tous plus excessifs les uns que les autres), n'ajoutent rien au récit. Manquant totalement de rythme, le film aurait pu être bien plus drôle si la réalisation abjecte s'était appliquée à bâtir quelque chose (ambiance, cohérence, n'importe quoi) et à tirer le meilleur que cette bonne idée de faire revivre les premières pages du Pentateuque.
Deux bonnes blagues, donc (la charrette qui va trop vite pour les deux piétons et Oh qui sauve la vie de Eema en lui faisant l'amour!) qui sont très diluées dans cette suite impossible de blagues vieillies, arthritiques et ratatinées, dépassées, primaires et débiles. Incompréhensible. Y a-t-il un public pour ça? Qui est-il? Et qui lui veut du mal ainsi?