L'amour dure trois ans est la meilleure comédie romantique de l'année jusqu'à présent. Incisive, désinvolte et audacieuse, elle porte un regard à la fois franc et mélancolique sur l'amour, ce qui nous change du conte de fées automate qu'on sert généralement aux inébranlables romantiques friands de ce genre de production. Bien sûr, le film ne possède pas que des qualités; le deuxième tiers est un peu trop traînant et quelques poncifs auraient pu être évités, mais, ce sont davantage de ses trouvailles et de son aplomb dont on se souvient.
La plus belle et la plus grande force de ce long métrage s'avère très certainement la rigueur et l'intelligence de son écriture. Bercé par des dialogues acérés tels que « Vous êtes pleine de vie, c'est insupportable » ou « L'amitié homme-femme c'est comme l'énergie éolienne, on en parle mais elle n'existe pas » ou bien encore « L'amour c'est un pari, c'est comme croire en Dieu », le film est tellement bien servi par ses textes qu'il aurait fallu une réalisation vraiment minable ou des comédiens incapables pour ne pas parvenir à élever l'oeuvre au-delà de la simple comédie romantique. On est même arrivé à réutiliser la précellence de l'écriture en placardant visuellement certaines phrases, supposément tirées du roman que le personnage principal s'efforce de rédiger après un divorce douloureux.
Les acteurs se montrent à la hauteur de la compétence du scénario. Gaspard Proust donne une performance des plus crédibles dans le rôle d'un auteur blasé qui croit que l'amour n'existe pas jusqu'à ce qu'il soit lui-même piégé par les flèches de Cupidon. Louise Bourgoin, envoûtante comme toujours, représente parfaitement l'une de ces femmes libérées et séductrices qui sont les vedettes des comédies romantiques. Elle chasse du revers de la main l'aspect noir du long métrage et l'empêche de n'être qu'une longue lamentation d'un trentenaire désillusionné. Le personnage de Joey Starr est probablement le plus typé du groupe et, au final, le plus décevant.
Frédéric Beigbeder, derrière le roman 99 F qui a fait l'objet d'un film avec Jean Dujardin en 2007, joue un rôle important au sein de la production. En plus d'être l'auteur du livre éponyme et le réalisateur du film, il parvient à donner une ambiance vibrante à l'oeuvre à l'aide d'une caméra intimiste et d'un montage caustique. L'idée d'introduire un narrateur intradiégétique qui s'adresse parfois à la caméra ou celle d'un générique d'ouverture explicatif et ludique qui nous permet d'entrer dans l'action sans préambule sont toutes des démarches pertinentes et sont, en grande partie, responsables de la réussite de l'adaptation.
L'inventivité de L'amour dure trois ans et son cynisme délicieux se révèlent fort rafraîchissants au sein de l'offre cinématographique automnale. Le film de Beigbeder ne respecte pas le carcan habituel du long métrage romantique, mais parvient tout de même à engendrer ce bonheur candide qui accompagne les oeuvres à l'eau de rose. Un film intelligent (ou du moins réussi) qui fait du bien... il faut croire que c'est parfois payant d'être désabusé...