Comme The Book of Life l'avait fait en 2014, Kubo and the Two Strings n'emprunte pas les voies traditionnelles pour raconter son histoire. On nous plonge dans un univers rempli de lyrisme et de caractère, tout en nous communicant des valeurs de courage, de respect et de fraternité.
La poésie de Kubo est la première chose que l'on remarque. Les morceaux de papier qui s'animent au son du shamisen (instrument mythique) du protagoniste corroborent cette magie intrinsèque qui finit par habiter même le spectateur. Nous sommes ici davantage dans la légende mythologique que dans le conte de fées. Ce n'est pas tout à fait le genre de personnages que le jeune public a l'habitude de voir sur grand écran. L'animation plus rigide, autant d'un point de vue technique que narratif, pourrait déranger les enfants, habitués à des images plus rondes et à des concepts plus légers, orchestrés par les grands studios avec une recette éprouvée. Mentionnons d'ailleurs que le long métrage est « Déconseillé aux jeunes enfants », et pour cause puisque certains passages sont particulièrement sombres et effrayants; de quoi faire faire des cauchemars plusieurs nuits durant aux plus timorés.
Il faut dire qu'on sent parfois l'influence de Coraline - issue de la même compagnie de production -, principalement lors de l'apparition des méchantes tantes de Kubo, qui n'auraient eu besoin que de boutons sur les yeux pour prétendre provenir de la réalité parallèle de la petite fouineuse des studios Laika.
Le film est empreint d'un humour léger qui nous fait sourire au départ, mais qui finit par nous contrarier par son abondance. La quête spirituelle et existentielle de Kubo n'avait pas besoin d'autant de désinvolture. On a parfois l'impression que les blagues font office de modérateur pour les séquences plus funestes, mais celles-ci - peu importe leur importance en nombre - n'allègent pas l'ensemble, elles ne font que tempérer la valeur de la quête.
Bien que l'on retrouve la plupart des mêmes thématiques et valeurs dans Kubo and the Two Strings que dans l'ensemble des productions familiales, cette idée que « la mémoire est la plus puissante magie » s'avère rafraîchissante et inspirante. Le film met aussi l'accent sur le respect des aînés - et du passé -, une chose qui n'a pas été exploitée si souvent dans le cinéma d'animation grand public. Cette utilisation de l'origami comme moteur de fantastique se révèle aussi être un aspect original et constructif de la production.
Bien que certaines ficelles de l'histoire sont plus évidentes que d'autres et qu'il arrive que le scénario tourne les coins ronds, le récit inopiné de Kubo mérite qu'on s'y attarde. Pour les grands enfants amateurs de chanbara et d'aventures épiques, le nouveau film d'animation de Laika Entertainment saura certainement vous charmer d'emblée. Pour les autres, ceux qui préfèrent l'animation conventionnelle : les chiens avec de gros yeux piteux et les bonshommes jaunes en salopettes parlant une langue inconnue, le film vous sortira certainement de votre zone de confort, mais saura vous amadouer par sa vivacité d'esprit et sa fantaisie particulière.