Cela faisait longtemps que les Américains ne nous avaient pas offert un bon vieux film de monstres avec des créatures effrayantes qui s'engagent dans des combats sanguinaires (Godzilla, issu de la même franchise, nous a donné espoir en 2014). Kong: Skull Island est ce film de série B exceptionnel que les amateurs attendaient depuis longtemps. Grâce à son budget phénoménal de 190 millions $, la production nous offre un divertissement si incroyable visuellement que même les profanes de ce type de cinématographie de genre seront impressionnés.
L'île de Skull Island, où se déroule la majorité du film, est peuplée de créatures étranges et voraces. Chacune d'elle est une pure merveille d'animation CGI. Parmi tous ces monstres gigantesques, le gorille King Kong reste le plus impressionnant. À aucun moment dans le film, on ne ressent le filtre de la composition par ordinateur. Malgré les pas de géants faits dans le domaine de l'animation 3D au cours des dix dernières années, il y a toujours quelques écarts involontaires dans les films qui démontrent les limites de la technique. Mais pas ici. Les expressions du visage du primate sont démonstratives et son regard est bercé par une forme d'humanité presque déconcertante. La prunelle des autres créatures est aussi très expressive, mais jamais autant que les yeux jaunes du roi Kong.
Les décors sont également d'une beauté exceptionnelle. Plusieurs des paysages pittoresques sont ceux d'Hawaï, mais on s'imagine qu'il y a là aussi un travail de conception graphique consciencieux afin de nous faire croire à un lieu à la fois paradisiaque et redoutable. La réalisation, qui nous rappelle parfois les films de guerre Platoon ou Full Metal Jacket, s'assume entièrement dans sa démarche et nous livre un produit à la fois artistique et divertissant.
Bien sûr, le scénario n'est pas l'élément le plus important d'un film de ce type, mais peut-être que certaines nuances au niveau de l'histoire auraient été appréciées. Les incongruités narratives et les personnages caricaturaux règnent sur Skull Island. Le général Preston Packard, interprété par Samuel L. Jackson, est probablement le pire stéréotype d'entre tous. Ses actes excessifs sont justifiés par un étrange attachement à la guerre que le spectateur n'arrive jamais à saisir complètement.
Tom Hiddleston, de son côté, est plus effacé que ce à quoi on s'attendait et Brie Larson, qui interprète la photographe Mason Weaver, ne joue pas à la demoiselle en détresse, mais n'est pas non plus l'exemple d'un féminisme assumé et inspirant. Comme aucun personnage ne s'illustre comme un protagoniste, le cinéphile manque de repères pour s'attacher à l'histoire qu'on lui raconte. Ainsi, il est captivé par les images de synthèse plus vraies que nature, mais peu interpelé au niveau émotionnel. C'est donc là que le bât blesse.
L'humour cabotin, souvent délivré par le personnage de John C. Reilly - un soldat prisonnier de l'île depuis la Seconde Guerre mondiale, atteint rarement sa cible. On aurait espéré que l'aspect comique du film soit plus imprévisible et tordu que ce qu'on nous propose ici, qui engendre quelques sourires, mais bien peu d'étonnement.
Kong: Skull Island est un bijou pour tous les amateurs de films de séries B qui ne sont pas trop traditionalistes et nostalgiques, parce que, avouons-le, nous sommes bien loin des films en stop motion en noir et blanc des années 30...