Il y a une règle que le cinéaste Matthew Vaughn (Layer Cake, Stardust) a promis de ne jamais transgresser: faire une suite à un de ses propres films. Plusieurs l'ont souhaité ardemment avec les trépidants Kick-Ass et X-Men: First Class, dont les épisodes subséquents n'ont pas été à la hauteur des attentes. Le réalisateur a décidé de renier son code moral pour Kingsman. Mal lui en fut, parce qu'il vient d'offrir le pire effort de sa filmographie.
La bande-annonce était pourtant assez impressionnante. S'il y a un succès qui pouvait voir des dérivés, c'est bien celui de 2014. Le premier Kingsman était un joyau d'action à couper le souffle et d'humour typiquement britannique. Rien de révolutionnaire au menu, si ce n'est un amalgame jouissif et extrêmement violent.
Sa suite semble s'inscrire dans la même mouvance avec un récit similaire et encore plus de moyens (le budget s'échelonne cette fois à 140 millions). Cependant, la magie n'y est plus. Le constat est palpable dès la scène d'introduction qui laisse complètement indifférent. Ce qui était créatif, imprévisible et dépravé devient rapidement redondant, ennuyant et exaspérant. Même les effets spéciaux déçoivent par leur médiocrité.
L'histoire sans queue ni tête d'une profonde imbécillité (un personnage important est devenu amnésique: le comble du vide scénaristique) n'est pas un problème en soi. Les John Wick et Atomic Blonde de ce monde assuraient malgré des prémisses banales. C'est plus problématique ici alors qu'on semble être passé d'une parodie de James Bond à une version musclée d'Austin Powers, sauf que la satire immense et lourdingue ne fait presque jamais sourire. À moins que l'on ait toujours souhaité dans son for intérieur voir le chanteur Elton John se ridiculiser.
Au mieux, les séquences d'action sont de pâles copies de son prédécesseur. Du recyclage sans style ni finesse où ne figure cette fois aucun morceau d'anthologie (comme le carnage à l'église ou ces têtes qui explosent en choeur). Au pire, ce sont des moments pesants et saccadés, au rythme incertain, qui, sur 141 interminables minutes, finissent par exténuer le plus courageux des spectateurs. Ce n'est pas ce détour vers le western à la Wild Wild West lorsque les péripéties se déplacent en Amérique qui modifie la donne.
La distribution impressionnante ne change en rien à cette mascarade. Julianne Moore campe une bien pâle méchante et on ne voit pas suffisamment les recrues Channing Tatum et Jeff Bridges. Quant à Halle Berry, elle n'est qu'une nouvelle preuve de la profonde misogynie qui berce l'entreprise. S'ils sont toujours aussi enjoués, Taron Egerton et Mark Strong semblent souvent dépassés par les événements.
Kingsman: The Golden Circle est l'une des pires suites à avoir pris l'affiche au cinéma ces dernières décennies, à classer dans la même catégorie que Now You See Me 2 et Speed 2. Au lieu d'innover ou seulement de maintenir la même qualité, l'ensemble s'est complètement détérioré, jusqu'à mettre en péril tout le bien qu'on pouvait penser de la série. Et dire que la porte est grande ouverte pour un troisième épisode. De toute façon, peut-on tomber plus bas?