King Dave est une prouesse technique absolument incroyable! Il fallait des artistes dévoués corps et âme à leur métier pour initier un projet complètement déjanté comme celui-ci. On parlera de Podz et d'Alexandre Goyette évidemment, qui ont presque défié les limites du cinéma avec ce morceau de bravoure exceptionnel, mais il ne faut pas oublier non plus les nombreux techniciens qui ont partagé la folie de ces créateurs et nous ont livré un produit impeccable.
On ne le dira jamais assez, un film d'une heure trente en plan-séquence du début à la fin, c'est un défi de taille qui implique des préparatifs rigoureux et des artisans compétents. Le long métrage est d'autant plus impressionnant quand on est conscient des méandres de la production et de tous les efforts déployés pour arriver à un résultat aussi crédible.
En plus de se déplacer dans l'espace (passant de son appartement à la maison de sa mère, à l'autobus au métro, puis d'une banlieue cossue à une ruelle en ville), le film se mut dans le temps. Sans arrêter sa caméra, Podz est capable de revenir dans le passé, puis de nous ramener dans le présent en une fraction de seconde. Il parvient également à faire avancer les heures sans coupure. On se demande même comment il est arrivé à passer d'une nuit orageuse à une journée ensoleillée en un claquement de doigts. Des jeux de lumière et une machine à pluie uniquement? Ces exploits techniques dépassent parfois l'entendement. On se questionnera également sur la façon de faire du réalisateur pour déformer, à certains moments, le visage du protagoniste. Des effets spéciaux en postproduction?
On ne peut passer sous le silence la performance stupéfiante, renversante, incroyable, exceptionnelle, (ajoutez ici votre adjectif élogieux préféré) d'Alexandre Goyette dans le rôle principal. Désolé comédiens québécois, c'est Alexandre Goyette qui remportera le prix du meilleur acteur au prochain Gala du cinéma québécois. L'interprète de Dave, un jeune délinquant qui ne peut s'empêcher de toujours prendre les mauvaises décisions, relève ici le défi de sa carrière. Dans un long monologue, parsemé de quelques dialogues, l'acteur nous transporte dans une aventure hallucinante qui ébahira tout amateur de cinéma.
Mais qu'en est-il des autres? Ceux qui n'en ont rien à faire du plan-séquence et de la technicité de la chose? Eh bien, avouons-le, ils ne seront probablement pas aussi emballés. Ils seront certainement percevoir la complexité de certains des rouages, mais ne seront pas subjugués comme je le suis. L'histoire en soi est intéressante, mais le serait peut-être davantage dans un film plus traditionnel dans lequel autant de concessions ne seraient pas nécessaires.
Ce n'est pas un secret pour personne, King Dave est un « trip de cinéaste ». Quiconque a un intérêt pour les mécanismes du septième art se doit de voir cette déclaration d'amour au cinéma signée Podz. Pour les autres, la déception risque d'être plus grande...