En 2010, Kick-Ass avait emmené un vent de fraîcheur dans l'univers des films de super-héros en tournant en dérision certains de ses clichés les plus tenaces. Avec humour, une violence démesurément graphique et des personnages incongrus cocasses, le long métrage de Matthew Vaughn reprenait certains des éléments les plus communs des films de super-héros au profit d'un humour souvent efficace. Le long métrage avait beaucoup de charme, même si son concept laissait déjà entrevoir ses limites en se laissant aller à quelques redondances. Rapidement cerné, le concept était en bout de course bêtement appliqué et réservait finalement peu de surprises.
Si Kick-Ass s'adressait surtout aux amateurs de super-héros adultes, Kick-Ass 2 ressemble parfois davantage à un film pour adolescent(e)s qu'à une comédie d'action. Le rapport aux parents est central à la trame narrative du film, tout comme l'idée de faire partie d'un groupe et d'être accepté à l'école secondaire. C'est bien sûr là que le film fonctionne le moins bien, malgré quelques gags bien trouvés; l'idée, anodine, est même abandonnée en cours de route parce qu'elle n'a tout simplement plus rien à ajouter (après la blague scatologique d'usage). Très décevant, surtout que c'est le personnage d'Hit-Girl qui en fait les frais.
Autrement, le film est assez semblable à son prédécesseur, même au niveau du rythme : l'introduction est dynamique et intéressante, souvent drôle grâce à des blagues audacieuses, mais le récit tourne rapidement en rond, devient redondant et ne cherche bêtement qu'à s'accomplir, c'est-à-dire à se terminer. L'exemple le plus évident est celui du requin, que tous croient mort : quiconque a déjà vu un film a déjà compris qu'un scénariste ne peut pas installer si longuement un élément pour ne pas s'en servir plus tard. Il suffit de faire l'addition, 1+1 = 2, et la résolution est trouvée plusieurs minutes avant qu'elle n'arrive finalement. Pas très excitant, et cela se produit malheureusement trop souvent dans cet univers.
Le réalisateur Jeff Wadlow parvient à faire oublier Vaughn, pas en le surpassant mais en copiant efficacement son style, excepté peut-être au niveau de l'humour. Pas inefficace, Wadlow est capable de filmer des scènes d'action, même si les effets spéciaux sont souvent assez mal intégrés. Cela dit, même les combats finissent par devenir répétitifs. Jim Carrey, lui, a au moins l'air de s'amuser. Les Aaron Taylor-Johnson, Chloë Grace Moretz et Christopher Mintz-Plasse défendent bien des personnages qui ne sont pas assez attachants pour dynamiser le récit.
Comme son prédécesseur, le problème de Kick-Ass 2 est que le concept s'épuise rapidement et que le récit devient vite prévisible. Le long métrage se perd dans des longueurs inutiles qui soulignent que le concept, sous sa forme actuelle, a probablement atteint ses limites.