S'il y a un domaine cinématographique qui est long et coûteux à fabriquer, c'est bien celui de l'animation. Il faut des budgets considérables et beaucoup de patience pour rivaliser avec les Pixar et Disney de ce monde. Le Québec a toujours été à l'avant-garde du genre grâce à ses courts métrages novateurs et ses puissants essais poétiques comme Archipel. C'est une autre histoire avec ses dessins animés destinés à toute la famille. Katak, le brave béluga pourrait bien changer la donne.
Il s'agit du nouveau-né du studio québécois 10e Ave Productions - qui a offert par le passé Félix et le trésor de Morgäa, Nelly et Simon: Mission Yéti, La légende de Sarila et Le coq de St-Victor - et sans aucun doute leur meilleur effort à ce jour. Vilipendé par ses pairs pour sa couleur, le béluga Katak ne s'en laisse pas imposer, prouvant sa valeur en partant à la recherche du grand amour de mamie.
Destiné aux très jeunes enfants, le film ne manque pas de thèmes importants. Il y a la nécessité de protéger les bélugas et de prendre soin de l'environnement, rappeler l'importance du cycle de la vie et de la nature, tout en célébrant les vertus de la différence. Des morales sans doute trop appuyées pour le commun des mortels, mais les petits n'y verront que du feu.
Surtout que les personnages, nombreux et colorés, s'avèrent attachants. C'est le cas du noble héros qui n'a pas froid aux yeux. Et de tous ses amis qu'il croisera au long de sa route, dont un esturgeon qui semble sorti tout droit de Ice Age. Pour une rare fois, l'antagoniste - un épaulard assoiffé de sang - possède une véritable conscience, qui se révèle être sa propre fille végétarienne. L'agréable doublage dans la langue de Michel Tremblay est dominé par la voix enveloppante de Ginette Reno, qui prête ses mots à l'émouvante mamie.
Le récit qui tarde à trouver et développer ses enjeux dramaturgiques n'est sans doute pas le plus original. Il alterne un peu mécaniquement entre l'humour, l'action, l'aventure et les leçons de vie. Mais une fois qu'il est parti, rien ne peut l'arrêter et le rythme demeure alerte à défaut d'être toujours dynamique.
La qualité générale de l'animation s'avère également satisfaisante. Rien pour rivaliser avec les Finding Nemo et autres Ponyo de ce monde, sauf que le budget n'est pas du tout le même. Les réalisateurs Christine Dallaire-Dupont et Nicola Lemay font des merveilles avec peu, offrant la fluidité et les textures désirées sans se perdre dans les détails. Comme quoi parfois, la simplicité a bien meilleur goût.
Katak, le brave béluga possède surtout cette rare qualité de se dérouler dans la Belle Province et de montrer son fleuve Saint-Laurent à l'écran, rêvant d'un lieu pour protéger les animaux aquatiques qui porterait le nom de Tadoussac. De l'espoir plein le coeur pour cette animation charmante qui ne cherche pas tant à rivaliser avec les mammouths du genre qu'à proposer une solution de rechange locale plus qu'enviable. Voilà une sortie familiale toute indiquée pour la semaine de relâche scolaire.