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Coucheries en milieu autochtone.
Le Groënland appartient au Danemark. Il est donc peu étonnant de constater qu’une cinéaste danoise y plante le décor de son film pour un film danois donc. « Kalak » adapte ici une partie de l’autobiographie de Kim Leine, norvégien d’origine suédoise installé au Danemark. Presque toute la Scandinavie en un seul homme en somme! On y suit durant deux heures un danois qui est parti vivre durant quinze ans au Groenland en tant qu’infirmier avec sa famille. Un homme qui ne peut s’empêcher d’enchainer les conquêtes du cru sous les yeux de sa femme compréhensive et qui découvre la manière dont les danois sont vus par les autochtones. Le long-métrage entend à la fois présenter les ravages de l’inceste dans le comportement d’un adulte (Jan, le personnage principal, a été abusé par son père durant l’adolescence) et les rapports compliqués entre « colons » danois et inuits. Contexte rare et sujet aussi pointu que passionnant mais dont l’exécution laisse à désirer sur bien des aspects. Et le principal souci qui handicape le film et son appréciation est qu’il manque beaucoup de clés de compréhension pour saisir les réactions, les actions et les pensées des personnages. Toute leur psychologie nous semble peu logique ou mal expliquée, ce qui empêche toute indentification pour le spectateur. Dans ces conditions, difficile de s’immerger dans le film comme on le voudrait surtout que lesdits personnages sont quelque peu antipathiques la plupart du temps, notamment Jan, agaçant et déplaisant dans ses actes. Pourtant, on ne sent pas de velléités nihilistes dans le film de la part de la cinéaste, c’est donc d’autant plus incompréhensible.
Visiblement, une partie de l’autobiographie couvre la jeunesse du personnage en Norvège et, pour des raisons narratives et par choix, elle n’a pas été retranscrite et c’est peut-être ce qu’il nous manque pour que le récit fasse vraiment du sens. À la place, Isabella Eklöf débute son film par une séquence d’inceste frontale très dérangeante, comme pour évacuer en une scène toute la psyché future du personnage; mais cela ne fonctionne pas. En revanche, le dernier quart d’heure est très intelligent, concis et rattrape certaines choses. On apprécie également d’autres séquences telles que la discussion entre Jan et un médecin sur l’addiction aux médicaments ou d’autres parce que visuellement très belles à regarder, comme celle de l’incendie. Et il faut avouer que le décor de ces villes groenlandaises isolées et magnifiques avantage l’esthétique du film. Car si la mise en scène est classique, ce contexte polaire avec la vie quotidienne de ces lieux en arrière-plan rend « Kalak » assez rare et agréable a l’œil. Le long-métrage dure deux heures et on trouve également que c’est peut-être trop et que raccourcir certaines séquences répétitives au profit d’autres plus pertinentes issues du livre auraient été judicieux. Ce n’est donc pas un mauvais film mais il lui manque surtout de coffre psychologique pour ces personnages qu’on ne comprend pas et auxquels on ne s’attache jamais. Et la beauté et la rareté des lieux filmés ne peut rattraper complètement une œuvre, malheureusement.
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