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Arnaque en famille.
Avec ce film aussi iconoclaste que son titre, on est clairement dans le sérail du cinéma indépendant américain pur jus. Et plus précisément ici dans l’une de ces branches mêlant à la fois les marginaux avec une tonalité décalée. Et ce qui fait plaisir en premier lieu dans ce « Kajilionnaire » c’est que tout ce qui est montré et filmé se veut différent sans que ce soit trop forcé mais cohérent avec l’univers de la réalisatrice. En premier lieu, la famille d’arnaqueurs iconoclastes composés d’un couple et de leur fille est plutôt assaisonnée. Entre complotisme et superstition, volonté de vivre en dehors de la société et petites arnaques en tous genres, tout cela assorti à un look vraiment particulier, ces doux dingues provoquent l’hilarité et forment un délicieux trio d’originaux auquel on s’attache malgré leur immoralité. On s’amuse d’ailleurs de l’inventivité de leurs magouilles qui égaye la première partie. La Cité des Anges est également montrée sur un jour différent, celui des laissés pour compte mais sans jamais tomber dans le misérabilisme, Miranda July préférant clairement se diriger vers la poésie et un univers légèrement décalé. Mais pas trop puisque son récit est tout de même inscrit dans le réel. Peu commun, son film est tout de même une œuvre à la fois étrange et bizarre, parfois un peu absurde et burlesque, et définitivement singulière. On pense un peu à l’univers de bric et de broc farfelu et à la lisière du fantastique de Michel Gondry. On se délecte des trouvailles du scénario destinées à brosser le portrait de ces trois-là via leur mode de vie et leurs méfaits envers la société. Mais « Kajilionnaire » n’est pas une vraie comédie et il distille une profonde mélancolie. Une rencontre inopinée faite par cette famille va faire éclater leur cellule familiale en faisait ressortir l’incommunicabilité qui s’y est construite au fil des ans. Là cette œuvre plutôt ludique et décalée prend un virage plus profond et moins clair. On doit aussi souligner pas mal de longueurs et une réalisation assez terne. Mais les quatre acteurs en tous points parfaits chacun dans leur registre sont à saluer et ils ont dû s’amuser avec ces rôles peu communs. Evan Rachel Wood offre une prestation assez unique en son genre à cet égard. On apprécie également la magnifique et originale séquence finale qui clôture le film sur une bonne note positive et emplie de poésie après un constat assez défaitiste que les gens ne changent pas leur morale. En somme, ce « Kajilionnaire » vaut le coup d’œil, son originalité étant aussi bien son point fort que son talon d’Achille. Et on se retrouve assez embarrassé de savoir si on a vraiment aimé ou pas, mais cela reste une expérience de cinéma plutôt différente et à tenter. Plus de critiques cinéma sur mes pages Facebook et Instagram Ciné Ma Passion.