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S'approprier le territoire
Premier long-métrage québécois produit par Netflix, ce suspense à glacer-le-sang se démarque de la production locale, notamment en s'appropriant le territoire et son imaginaire nordique, s'inscrivant du même coup dans la grande tradition hollywoodienne.
Rarement voit-on l'hiver dans nos films, sinon en arrière-plan, entre deux scènes intérieures. C'est à la fois trop coûteux et trop difficile de tourner dans ces conditions. Or, c'est le défi que relève avec brio cet hybride cinématographique qui, sans excéder le budget habituel (5 millions) s'offre une chasse à l'homme épique en exploitant au maximum le paysage hivernal de nos forêts boréales. Quand une bande de survivalistes amateurs s'embarquent pour un week-end de formation organisé par un youtubeur passé maître dans l'art d'anticiper la fin du monde, ils s'imaginent passer un bon moment, apprendre quelques trucs au passage et manier des gros calibres en toute impunité. C'était le projet au départ, jusqu'à ce qu'un évènement funeste chamboule leur plan. Commence alors une descente aux enfers dans un décor sauvage tout de blanc vêtu.
Il est rafraîchissant de voir le cinéma québécois s'inscrire dans un genre aussi musclé. On pense aux classiques du genre: Survivance, The Revenant, mais aussi inévitablement à Rambo et Predator. C'est là d'ailleurs que réside la principale faiblesse de ce premier long-métrage réalisé par Patrice Laliberté. Visuellement impeccable, le film glisse rapidement dans les conventions du genre, oubliant de donner une dimension humaine à ses personnages. Tous engager dans une course contre la mort, leur motivation se résume à survivre, faisant d'eux des victimes à numéros comme dans un Vendredi 13 de luxe. Seul Réal Bossé tire son épingle du jeu en composant un personnage plus nuancé qu'il ne le semblait à première vue.
Malgré tout, on ne peut que saluer cet effort de vouloir sortir le cinéma québécois de ses ornières. La mise en scène de Patrice Laliberté offre de belles trouvailles et sa facture réaliste rehausse la qualité de l'oeuvre. Notre territoire et ses richesse naturelles méritent d'être exploités par nos créateurs.
La facilité
J'ai écouté le film et je restais avec un goût amer en bouche. En réfléchissant bien, c'est simplement la facilité du scénario qui m'a totalement déçu. On pourrait croire que les protagonistes sont tous des idiots. On regarde le film et parfois on se dit "ils ne vont sûrement pas faire ça plus tard après ce qu'il vient de dire". Mais hélas, oui, ils le font. Des erreurs bêtes, faciles et qui enlève tout intérêt au film. Et si vous croyez que le film a plus de budget à cause que c'est un film Netflix, oubliez ça! Quelques effets spéciaux plus que faciles à faire c'est tout ce que vous aurez. Le jeu d'acteur est correct, sans plus. Je vous garanti que ce n'est pas ce film qui va permettre au Québec d'avoir plus de film du genre. Désolé.
Wow!
J'attendais beaucoup de ce film (sachant qu'il est le premier Netflix Original québécois) et je n'ai pas été déçu. Excellente performance des acteurs (mention spéciale à Marie-Evelyne Lessard), histoire bien ficelée, l'action ne manque pas, le film nous tient en haleine du début à la fin. J'aurais cependant aimé avoir une fin un peu plus travaillée, mais sinon c'était vraiment parfait. Un savant film d'horreur québécois, qui vous fera vivre de bien plus fortes sensations que les dizaines de productions hollywoodiennes sans intérêt qu'on déverse au cinéma chaque année. Foncez voir ce petit chef-d'oeuvre!
Survivalisme dans tous les sens du terme!
Cette première production québécoise estampillée Netflix est encore la preuve d’un cinéma en pleine possession des moyens et qui s’essaye à tous les genres. Et le sujet de ce survival tombe clairement à pic au vu du contexte actuel de crise. En effet, on y voit un groupe de montréalais persuadés que l’effondrement du monde est proche pour X ou Y raisons (réfugiés climatiques, crise économique, …) qui se retrouve dans un stage de survie en pleine nature durant l’hiver sous la coupe d’un homme expert en la matière. Mais un accident va transformer l’expérience en jeu de massacre. Et « Jusqu’au déclin » de dérouler un programme attendu dans les grandes lignes mais qui regorge de petites surprises et de moments inattendus en embuscade. Mais, surtout, de se placer comme un film de genre savamment orchestré et pleinement maîtrisé.
Le long-métrage a le mérite d’être court et concis et d’aller à l’essentiel sans pour autant mettre de côté la psychologie de ses personnages. En ce sens, toute la première partie qui les présente durant les prémices de l’entraînement permet de les cerner intelligemment. Les différents protagonistes ne rentrent pas dans les clichés du genre fort présents dans ce type de films, notamment américains. Ils sont ici plus nuancés et réserve des surprises. Par exemple, difficile de savoir qui va rester en vie ou qui va périr et comment. Il y en a certains dont le sort est prévisible, d’autres moins. Mais cette première partie pose le contexte, les enjeux et caractérise chacun de manière probante sans que l’on s’ennuie et avant que tout cela ne dégénère.
Lorsque les choses se gâtent, on est littéralement collé à notre siège et certaines péripéties sont vraiment imprévisibles et surprenantes. Durant quatre-vingts minutes, on ne décroche pas les yeux de l’écran une seconde et ce script minimaliste qui se suffit à lui-même nous emporte sans problème. C’est violent comme il faut, sans tomber dans les excès du récent « The Hunt » (ni atteindre son excellence) qui se voulait lui presque parodique. Le premier degré est ici pleinement assumé et permet une tension et un stress de chaque instant. « Jusqu’au déclin » est un survival sec, carré et prenant qui répond à cent pour cent aux cahiers des charges du genre et à sa note d’intention. Sans le vouloir, il est totalement en phase avec l’actualité, c’est vraiment un bon moment de suspense qui fait réfléchir et dont la morale est claire et nous vient de l’illustre Thomas Hobbes : l’homme est un loup pour l’homme. Le film en est la parfaite illustration et il le fait avec panache et humilité pour notre plus grand plaisir.
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