Jusqu'au déclin est le premier film québécois entièrement financé par Netflix. Sans l'apport de la compagnie américaine, un film comme celui-là, filmé en hiver, avec des explosions, des fusils et de nombreux cadavres ensanglantés, n'aurait pas pu être tourné au Québec. Le long métrage colle d'ailleurs parfaitement au style de Netflix : ce n'est pas la première fois qu'on voit ce genre de suspense d'horreur parfaire l'offre du géant américain. Heureusement, Patrice Laliberté a su y ajouter une touche québécoise qui permet à son film de se différencier des autres productions du même genre.
L'hiver québécois y est d'ailleurs dépeint de façon magistrale. La caméra de Laliberté nous plonge dans une forêt boréale classique, assaillie par le froid et la neige. Bien qu'on ne peut plus connus pour nous, les paysages sont splendides et apparaîtront certainement exotiques à plusieurs utilisateurs de Netflix moins familiers avec notre panorama nordique.
Jusqu'au déclin raconte l'histoire d'un groupe de survivalistes qui suivent une formation dans le bois avec un expert de la question, l'animateur d'une chaîne YouTube prénommé Alain. Ce dernier leur inculquera certaines de ses techniques de base, dont la trappe, la chasse, la botanique, la conservation, etc. Tout se déroulera dans le bonheur et l'entraide jusqu'à ce qu'un évènement dramatique vienne compromettre le mode de vie ermite d'Alain.
L'action prend du temps avant de s'amorcer véritablement. Il y a beaucoup d'explications dans la première demi-heure qui auraient pu être intégrées de façon moins sévère. Par contre, lorsque l'action démarre, elle ne dérougit pas. On bascule rapidement dans l'horreur; bains de sang et corps mutilés à profusion. Plusieurs revirements de situation nous prennent de court et on se surprend à s'avancer au-devant de son siège, captivé. Si les dialogues sont parfois un peu trop candides, les propos sont crédibles et actuels.
Les acteurs sont tous très convaincants, à commencer par Guillaume Laurin par qui l'histoire nous est présentée. Il n'est pas l'acteur le plus connu de la distribution, mais c'est pourtant lui la tête d'affiche et on l'apprécie. C'est surprenant de voir Marc-André Grondin interpréter le personnage le moins important du groupe, mais, encore là, c'est appréciable. Il faut dire que Réal Bossé brille au centre de cette histoire sanguinolente. Le comédien est à la fois réconfortant et inquiétant. Marie-Évelyne Lessard épate aussi dans le rôle d'une ex-militaire téméraire.
Jusqu'au déclin ne fera pas pâlir le Québec aux yeux du monde, au contraire. Le premier film de Patrice Laliberté révèle une réalité inquiétante, mais pourtant avérée qui nous fera certainement réfléchir en cette période de crise du coronavirus.