Pour bien des gens de ma génération, le Jumanji de Joe Johnston avec Robin Williams est un classique et revoir un classique à la sauce moderne est toujours vu d'un mauvais oeil par les puristes. C'est donc avec méfiance qu'a été accueillie la nouvelle d'une suite, il y a de cela déjà plusieurs années (j'écrivais là-dessus en juillet 2012). Mais bon, une fois qu'elle existe, il faut voir si elle méritait notre scepticisme.
Il faut bien l'avouer, Jumanji: Welcome to the Jungle surprend par son humour cabotin et ses séquences d'action plutôt réussies. Comme dans le premier film, on retrouve énormément de CGI dans la nouvelle version, mais cette fois, le tout est beaucoup plus crédible. La technologie a énormément évolué en 22 ans et cette adaptation de Jumanji nous le prouve à bien des niveaux.
L'oeuvre originale était davantage un film d'aventures et d'action qu'une comédie. Dans la suite, c'est tout le contraire. L'humour est passé au premier plan. Le long métrage s'amuse beaucoup du fait que les personnages ont pris la forme d'un avatar et ne sont donc plus dans leur propre corps. On ne peut pas dire qu'il s'agit d'un style d'humour raffiné, mais il y a là de quoi amuser les petits (et même les grands jusqu'à un certain point) pendant deux heures. Le jeune nerd ne sait pas comment gérer autant de muscles, le joueur de football refuse d'avoir perdu un mètre de hauteur, la première de classe ne comprend pas ce qu'elle fait dans la jungle avec des accoutrements aussi sexy et la miss populaire, accro à Instagram, passe proche de la crise cardiaque lorsqu'elle constate qu'elle est désormais un petit homme rondouillard dans la cinquantaine.
C'est d'ailleurs Jack Black qui incarne la jolie fille coincée dans le corps d'un cartographe/archéologue, qui livre la performance la plus mémorable. L'acteur arrive à ne jamais nous faire oublier l'adolescente derrière les lunettes et le chapeau d'aventurier. Sa gestuelle, ses expressions, sa posture, tout nous rappelle qu'une petite princesse insupportable est cachée quelque part à l'intérieur. Mentionnons que Nick Jonas, qui a abandonné la chanson pour devenir acteur, se débrouille plutôt bien dans le rôle d'un garçon prisonnier du jeu depuis plus de 20 ans.
Comme Jumanji est maintenant un jeu vidéo (le jeu de table s'est transformé quand il a constaté que les jeunes ne jouaient plus sur une planchette), la réalisation et l'action se sont adaptées à cette nouvelle réalité. L'image est constamment en mouvement, comme dans un jeu de tir à la première personne, et les héros doivent traverser des « niveaux » pour se rendre au tableau final et avoir la chance de gagner la partie. Le système de vie (chaque personnage a trois vies) s'avère aussi une trouvaille intéressante, tout comme les différentes forces et faiblesses loufoques des avatars.
Les fans de la première heure seront heureux d'apprendre que les scénaristes rendent un hommage discret, mais touchant au personnage de Robin Williams qui, rappelons-le, a vécu plusieurs années dans la jungle de Jumanji. Pour le reste, il y a très peu de liens entre l'ancienne mouture et la nouvelle.
Jumanji: Welcome to the Jungle aurait pu durer 30 minutes de moins et ainsi aurait gagné en efficacité. Passer 3 minutes 30 sur la découverte du pénis par l'adolescente, maintenant dans le corps d'un homme, était peut-être excessif... Malgré tout, le film possède les qualités nécessaires pour séduire toute la famille.