Nec plus ultra du film d'action américain, John Wick dépasse les bornes avec un quatrième épisode qui s'avère parfois plus exténuant que divertissant.
Qui aurait crû qu'une sympathique série B comme John Wick allait devenir une référence en la matière? À partir d'une prémisse ridicule (un homme tue plein de gens pour venger son chien), le scénario allait évoluer pour se transformer en une sorte de James Bond/Mission: Impossible épique et ultra violent. Mais que reste-t-il de la série après l'amusant second tome purement référentiel? Un troisième volet bourratif qui affichait rapidement ses limites.
Le quatrième volume pousse encore plus loin le bouchon en faisant abstraction de tout ce qui n'est pas de l'action. À quoi cela sert de développer une histoire si on peut miser sur une tonne de combats? Pourquoi recourir aux dialogues si on peut multiplier les morts brutales? Et qui s'intéresse à l'émotion et au développement des personnages lorsque l'adrénaline est dans le tapis?
Du cinéma, on passe ainsi au jeu vidéo excessif et désincarné. Celui spectaculaire qui assaille constamment les sens du spectateur. Les confrontations sont nombreuses, à mains nues, avec des fusils ou même des épées. Elles durent plusieurs minutes au sein d'un montage élaboré dont est passé maître le réalisateur Chad Stahelski. Ici, il y a l'hommage à Sergio Leone et à ses westerns spaghettis. Là, à John Woo et autres Takeshi Kitano dans cette façon de piller ce qui s'est fait de mieux dans le genre.
Sauf que le point de saturation est rapidement atteint. Le film s'étend sur près de trois heures et il se veut vite répétitif. Seuls les lieux changent, passant de l'impressionnant carnage au Japon à la chasse à l'homme délirante à Paris. Pour le reste, c'est du pareil au même. Rien ne semble ébranler notre héros aux balles infinies qui semble plus solide que le Terminator.
Surtout qu'il n'y a rien de très original pour quiconque a vu les précédents longs métrages de la série. Visuellement, ces scènes de néons, de miroirs et de pluie en mettent plein la vue. Mais elles manquent singulièrement d'imagination. L'effet de surprise n'est plus là. Ni l'humour qui transforme la quête du protagoniste en un véritable chemin de croix. Pourtant, il y a de l'absurdité à revendre au sein de ce script primaire écrit à quatre mains.
Plus cool que jamais, Keanu Reeves semble étrangement sur le pilote automatique. Son jeu physique exemplaire ne compense pas sa performance éteinte. De quoi lui préférer la superstar hongkongaise Donnie Yen, parfait en Zatoichi moderne. Les personnages anecdotiques défilent autour d'eux, dont le regretté Lance Reddick qui renoue avec son rôle de Charon. À tel point qu'on se surprend à se penser devant le Bullet Train de David Leitch, qui avait coréalisé le premier effort.
Les amateurs purs et durs de films d'action seront aux anges devant John Wick: Chapter 4, qui mise tout sur ses chorégraphies musclées. Les autres trouveront interminables ces 169 minutes (il y a même une scène cachée à la fin) qui rapprochent davantage la série d'un épisode de Fast & Furious que de Max Max: Fury Road.