Il n'y a pas de jaloux dans les suspenses horrifiques. Pendant qu'une clientèle avisée explore la torture ensanglantée de la franchise Saw et de son récent dérivé Spiral, un auditoire adolescent peut se perdre dans les dédales d'Escape Room qui propose presque autant de pièges mortels, mais sans la moindre trace d'hémoglobine.
Tournament of Champions débute là où son prédécesseur se terminait. Les deux rescapés de salles d'évasion se retrouvent à New York sur les traces de l'énigmatique Minos... pour mieux tomber dans de nouveaux traquenards fatals. Ils ne sont pas seuls : quelques survivants qui ont déjà joué le jeu se retrouvent avec eux.
Ce second tome n'est pas tant une suite qu'une variation sur le même thème. On n'est pas là pour en savoir davantage sur la mystérieuse organisation de Minos que pour errer dans des labyrinthes supplémentaires. Certains piquent la curiosité, comme cette plage particulièrement intrigante, et d'autres déçoivent, tel ce point concluant du récit qui multiplie les révélations grotesques. Encore une fois, différents éléments sont mis à contribution - électricité, acide - afin de tester la survie des gens.
Mais pourquoi la progression est aussi mécanique et prévisible? Les participants entrent dans une pièce dangereuse et ils devinent en deux temps trois mouvements comment résoudre les nombreuses et compliquées énigmes. Leur temps est compté, il est constamment rappelé à l'écran (il reste huit minutes, sept minutes...) mais son utilisation ne fait aucun sens, ne s'écoulant jamais à la bonne vitesse. L'idéal pour faire disparaître une personne ou en sauver une autre à la dernière seconde...
Évidemment, ce type de production ne s'embarasse d'aucune vraisemblance et subtilité. C'est l'efficacité qui prime, ce divertissement qui fait écho aux jeux vidéo primaires et de ce côté, il est plutôt difficile de s'ennuyer. La mise en scène utilitaire d'Adam Robitel demeure compétente, le rythme est alerte, les décors élaborés et cette série B ne se prend pas trop au sérieux.
C'est seulement dommage que les défauts du premier tome persistent. Le désir de psychologie reste embryonnaire alors qu'il devait être poussé en profondeur. Explorer davantage les zones d'ombres de l'héroïne aurait amené une complexité à l'ensemble. Surtout qu'elle est campée par la toujours excellente Taylor Russell qui brille dans tout ce qu'elle touche, du drame (Waves) à la romance (Words on Bathroom Walls). C'est d'ailleurs la seule à croire véritablement en son personnage. Les autres s'avèrent insignifiants et peu attachants : personne ne viendra pleurer sur leur triste sort.
La finale tirée par les cheveux annonce la traditionnelle suite et espérons que cette fois, le réalisateur et scénariste tente quelque chose de différent au lieu de répéter la même formule. Sans être mauvais, Escape Room: Tournament of Champions manque seulement de saveur pour qu'on s'y attarde longuement. Cela pourrait être une bonne idée de s'inspirer de Cube, le film culte de Vincenzo Natali qui n'a toujours pas perdu son pouvoir d'évocation. Pour des surprises, il y en aura à la tonne...