Il n'y a pas que Woody, le jouet vedette de la série Toy Story, qui se cherche absolument un ami humain, si possible appelé Andy. C'est également le cas de Chucky, une poupée pas comme les autres dans Child's Play.
À une époque où tous les films d'horreur à succès sont refaits pour une nouvelle génération de cinéphiles, il est surprenant que le reboot de Child's Play n'ait pas vu le jour avant. Parce que sans être extraordinaire, la version originale de 1988 s'avérait d'une efficacité redoutable. Puis il y a eu les nombreuses suites, rarement potables, dotées d'un côté méta non négligeable.
Cette nouvelle création ne revient pas tant aux sources qu'elle propose des variations insoupçonnées. Les hommages y sont, l'humour et le sadisme aussi. Quant à l'âme, cela reste à prouver.
Il n'est plus question d'une poupée animée par l'esprit d'un tueur après une invocation vaudou, mais d'une erreur de programmation qui transforme un objet en arme de destruction, ère de l'Internet oblige. Le mal n'était pas déjà dans Chucky, c'est l'entraînement de son jeune propriétaire, ses paroles pas toujours recommandables, les films inappropriés et les jeux vidéo violents qui l'ont rendu diabolique.
La psychologie tient un rôle prépondérant, autant les effets du béhaviorisme chez le méchant que celui de l'isolement chez son ami Andy. Seul ou mal accompagné, il rumine les idées malsaines. Mais c'est grâce au groupe humain qu'il est capable de s'extirper de sa condition et d'affronter le danger.
Tout cela est bien trop sérieux pour un long métrage comme Child's Play. Surtout que la production prévisible au possible prend son temps avant de démarrer et d'intéresser. Heureusement, le scénario de Tyler Burton Smith (du populaire jeu vidéo Quantum Break) n'est pas à prendre au premier degré. La satire est de presque tous les plans, se moquant à la fois de l'industrie des jouets que de cette technologie qui vampirise la jeunesse et qui s'avère très souvent responsable des décès.
Ces derniers font d'ailleurs hurler de rire. Au lieu des frissons et des sursauts habituels, c'est une ambiance bon enfant digne de Fantasia qui s'installe dans la salle de cinéma, alors que des situations complètement cinglées et des meurtres bien gores déferlent à l'écran. Comme série B divertissante et sanguinolente à la finale particulièrement tordue, il s'est fait pire.
Le récit n'est cependant pas totalement satisfaisant, parce qu'il n'a rien à offrir lorsque la tension se relâche. Ce qui arrive plus souvent qu'autrement. La réalisation appliquée du débutant Lars Klevberg n'est pas particulièrement imaginative et l'interprétation d'ensemble déçoit. Puis il y a Chucky, grotesque et ridicule, dont l'esthétisme de la poupée est d'une laideur absolue. En voilà un qui ne ferait pas peur à une mouche. Au moins, en version originale, il est animé de la voix de Mark Hamill, le seul et unique interprète de Luke Skywalker. Sans être aussi malsain et inquiétant que celle de son prédécesseur Brad Dourif, le Jedi assure. On arrive presque à le prendre en pitié lorsque son ami le rejette.
Bien différent de son modèle, ce Child's Play moderne mise sur le délire à outrance. L'effort ne fonctionne peut-être qu'à moitié, mais lorsque c'est le cas, il n'y a pratiquement rien pour l'arrêter. Annabelle n'a qu'à bien se tenir.