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Maiwenn évite les pièges.
Il faut être honnête, l’annonce du nouveau projet de Maïwenn avait de quoi faire peur. Un film d’époque en costumes, un gros budget et un acteur anglophone et en pleine polémique, en l’occurrence Johnny Depp, pour incarner un Roi de France! Et son film a, en outre, eu l’honneur d’ouvrir les festivités cannoises hors compétition l’an passé créant un (petit) vent de scandale probablement recherché. Et ce n’est pas le premier long-métrage en mode postiches et favoris à faire cet office. On se souvient du pétard mouillé « Vatel » il y a vingt- cinq ans avec Gérard Depardieu et Uma Thurman qui avait maladroitement donner le coup d’envoi du festival et du bien plus réussi « Marie-Antoinette » de Sofia Coppola avec son romantisme pop, baroque et éthéré. Eh bien, contre toute attente, « Jeanne du Barry » est une très bonne surprise. La cinéaste nous propose encore une œuvre forte après, entre autres, le chef-d’œuvre « Polisse » et le sublime et déchirant « Mon roi ». Après un film plus confidentiel et personnel mais aussi moins marquant, « ADN », elle revient donc aux affaires avec grâce et panache.
Il faut mettre de côté la vérité historique et, d’ailleurs, elle n’a jamais prétendu viser l’exactitude en la matière, mais plutôt une variation personnelle sur la vie de cette célèbre courtisane du roi. Il y a un fort vent de féminisme et de liberté qui parcourt le long-métrage et véhiculé par ce personnage incandescent et sincère. L’empathie pour elle est sans bornes et on se réjouit de ses victoires comme on peste contre ceux qui se mettent en travers de son chemin. D’ailleurs, on pourrait reprocher à certains seconds rôles incarnant ses opposantes (les filles du roi principalement, jouées par India Hair et Suzanne de Baecque notamment) frôlent la caricature et font penser aux vilaines demi-sœurs de Cendrillon, Anastasie et Javotte. On regrette aussi que certains acteurs jouant des seconds rôles ne soient pas plus mis en avant comme Pascal Greggory ou Noémie Lvovsky, comme sacrifiés sur la table de montage. En revanche, Benjamin Laverhne campe un assistant du roi de toute beauté.
Mais la principale interrogation concernant « Jeanne du Barry » concernait Johnny Depp. Et même s’il ne livre pas une interprétation inoubliable, il est tout à fait correct et son français est presque impeccable. Quant à Maïwenn, qu’on aurait pu croire trop gourmande à incarner également le rôle-titre, elle irradie l’écran de sa candeur et de sa joie de vivre. L’histoire est bien ficelée et va à l’essentiel alternant romantisme, intrigues de cour royale et quelques virages comiques plutôt réussis (les petits pas pour ne pas tourner le dos au roi en particulier sont un des moments drôles et délectables du film). Et que dire de la mise en scène! Elle est de toute beauté, assortie à une direction artistique aussi royale que le sujet. Par exemple, le repas sur la table ronde en l’honneur de Marie-Antoinette est sublime. Voilà donc un film sur lequel on n’aurait pas misé un sou et qui se révèle être une excellente surprise sur quasiment tous les points. Et il confirme, s’il était nécessaire de le préciser, que Maïwenn est une cinéaste aguerrie sur laquelle il faut compter et qui ose prendre des risques.
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