Comédie pour adolescents conçue sur le mode ludique, Je t'aime Beth Cooper est suffisamment amusant pour traverser sans trop d'ennuis sa maigre heure quarante minutes, tout en étant prisonnier des carcans du genre des films pour ados. Un genre qui, lorsqu'il est envisagé avec sérieux, peut être très efficace. Je t'aime Beth Cooper est plus mignon et moins vulgaire, ce qui fait assez changement des films destinés aux adolescents ces dernières années. Ici, le charme des comédiens fonctionne, quelques blagues ingénieuses aussi, même si on a toujours l'impression de connaître tous les ressorts de ce type de film et qu'on en vient presque à croire qu'il ne pourra plus nous étonner, surtout tant d'années après John Hughes. Mais ça, les ados d'aujourd'hui ne sont pas au courant.
Pour Dennis Cooverman, la collation des grades est l'occasion d'avouer à Beth Cooper, une de ses camarades du secondaire, son amour pour elle. Évidemment, cela ne plaît pas tellement à son copain à elle, Kevin, un soldat aux prises avec un grave problème de contrôle de la colère. Lorsque Beth et ses amies se présentent à un party organisé par Dennis, Kevin se lance à leur poursuite et fait passer un mauvais quart d'heure au pauvre Dennis. Avec l'aide de Beth, il passera pourtant une superbe soirée.
Le scénario offre déjà son lot de nouveauté : il ne s'agira pas de l'histoire banale du gars qui veut séduire la fille, et cela ne se terminera pas dans l'habituel « je t'aime depuis toujours mais je ne le savais pas, et ce, même si t'es pas cool », fléau extrêmement nocif pour les diverses générations d'adolescents à travers le temps qui en subissent encore les conséquences aujourd'hui. Déjà, rien n'est pris au sérieux dans cette aventure d'une vie rocambolesque pour ces ados qui ne ressemblent en rien à de vrais ados. Depuis quand les adultes au cinéma ressemblent à de vrais adultes de toute façon?
Les jeunes comédiens, dont la blonde Hayden Panettiere, sont assez efficaces aussi et défendent avec une apparente bonne humeur et une attitude débonnaire ces personnages improbables. C'est leur attitude, justement, qui fait qu'on ne s'inquiète bientôt plus du fait que tout dans ce film est prétexte à une blague souvent douteuse, et parfois bien redondante. Le personnage de Rich et son homosexualité présumée deviennent vite accablants et boiteux. À l'exception de ces quelques accrocs, pourtant, quelques moments de Je t'aime Beth Cooper sont assez mignons, dont la finale, qui retrouve enfin un peu de sérieux. Un peu.
On le sait, ce sont encore les adolescents qui consomment le plus de cinéma. Normal, donc, qu'on s'adresse directement à eux au travers de ces films interchangeables qui racontent, comme aux adultes d'ailleurs, des histoires qu'ils ne vivront jamais. Souvent, on les prend pour des imbéciles en voyant là - dans le fait de réaliser un film pour ados - une opportunité sociale de passer quelque morale. Je t'aime Beth Cooper ne tombe pas dans le piège et ne prend pas les ados pour de pauvres idiots en tentant d'influencer leur vie. Divertissement inoffensif, inutile, mineur, négligeable, mais pas raté. C'est déjà ça de gagné.