Un amour, ça ne se partage pas
Zabou Breitman, la très attachante maman de Le premier jour du reste de ta vie, ne s'avère malheureusement pas autant touchante ici à la réalisation et à la scénarisation avec Je l'aimais.
Il faut avouer que son film a un effet bizarre puisqu'il fait vivre toute sorte d'émotions durant la projection, de l'ennui à l'excitation incontrôlable et le plus étrange dans tout ça, c'est que ce n'est pas du tout explicable.
C'est classique et ça ne réinvente en rien les histoires d'amour, ni même celle d'adultère. De plus la forme basé sur une nostalgie mélancolique racontée en flashback ne révolutionne aucunes techniques. Alors, mais qu'est-ce qui peut avoir de bien dans ce film?
Bah on le sait, les histoires d'amour ça crée un genre en soit et peu importe qu'elles soient destinées aux rires, aux larmes ou aux fantaisies, plutôt que de venir surprendre, ces films répondent à une recette ou à leur façon d'utiliser une recette.
Impossible de ne pas le répéter, l'amour, sentiment assez maternel et génétique, si l'on évite tout scepticisme, est complètement et carrément universel. De ce fait, il peut être non seulement raconté de tous les points de vue avec une vision semblable, différente ou familière, mais il peut également venir toucher de près ou de loin presque tout le monde. Dès lors, reste à savoir s'il est nécessaire pour soi de vivre l'amour à travers celui des autres, le temps d'un instant.
Dans le cas de Je l'aimais, on fait place au souvenir, à la mémoire, à cet amour impossible, mais si fort qu'il a agi sur nous de façon indélébile. Ainsi, un père en vient à raconter à l'ex-petite amie toute fraîche d'un de ses enfants, cette aventure qu'il a eu avec un rêve sur deux pattes, lors d'un voyage d'affaire, le temps d'une nuit aux premiers abords interminables. Se dévoile alors un lourd secret plus ravageur qu'on pourrait le croire.
Qu'on se l'avoue tout de suite, ce serait le comble que le passé d'un film qui mise sur ses flash-backs ne soit pas intéressant. Surprenant, c'est plutôt le contraire qui a souvent lieu dans ces cas. Pour celui-ci, l'histoire se déroulant au moment présent dans le chalet, dans cette cinématographie morne, fade et déprimante, allant tout de même avec le ton recherché, est beaucoup trop longue, ennuyante et peu intéressante pour captiver et comme le film s'ouvre là dessus en y demeurant un bon moment, ça n'aide pas vraiment. Cela fait contrepoids avec beaucoup trop d'importance face à l'histoire inoubliable d'un temps passé qui amène les plus beaux moments de grâce du film.
Ainsi, s'il est à surveiller, c'est surtout pour sa façon qu'il a de faire briller ses acteurs, le sublime et magnifique Daniel Auteuil et la flamboyante Marie-Josée Croze (on dira ce qu'on voudra d'elle, mais son [long] séjour en France lui permet de rayonner comme jamais). Ils parviennent avec brio à faire croire à cette relation dont tout semble séparer (situations amoureuses, lieux, âge, etc) et à nous faire vivre avec élégance leur passion et surtout, leur amour. Se multiplient alors de très belles scènes où l'atmosphère rappelle avec classe le In the Mood for Love de Wong Kar-Wai, ainsi que des réflexions intelligentes tout autant que dramatiques. Sauf que comme dit précédemment, dans ce tourbillon un peu lent, c'est décidément ce manque de rythme qui fait défaut, notamment entrecoupé par un présent trop lourd et racoleur. Bien que celui-ci soit essentiel pour donner toute l'importance au récit face à la vision qu'on veut bien en donner, quoiqu'on aurait pu s'en tenir qu'avec la pure rêverie, cela dit.
Malgré tout, au-delà de cette lassitude irréprochable qu'on vit à plus d'un moment de la projection, laissant croire parfois que c'est le pire film du monde, se détachent un bon lots de moments inoubliables qui nous donnent envie de crier au génie et, fort heureusement, ce sont surtout les bons coups plus que les mauvais dont on se souvient majoritairement à la sortie. Cela fait alors vivre le rêve plus longtemps dans notre subconscient nous laissant le temps de s'évader vers cette fantaisie abandonnée le temps d'un instant, et en ce sens, c'est là qu'on doit avouer que Breitman cumule de véritables moments de réussite, évitant de l'abandonner trop rapidement. Dommage que l'ensemble ne soit malheureusement pas entièrement au point.
La grande question
Je suis d'accord avec l'idée : qu'en serait-il du train-train quotidien avec cette relation? C'est la grande question que je me suis posée tout au long du film. La chose que je puis dire pour résumer le film : Daniel Auteuil est brillant d'un bout à l'autre. Même si le film avait été mauvais, je puis dire que le jeu de cet acteur vaut le déplacement. Garanti.
Maladie d'amour
J'apprécie un film lorsqu'il suscite des discussions animées. « Je l'aimais » en fait partie. S'il avait pris l'autre décision, seraient-ils encore ensemble au moment où il raconte son histoire? Si elle avait été amoureuse d'un autre, serait-elle tombée dans ses bras? Lorsque l'on rencontre l'être aimé dans des conditions idéales, comment pouvons-nous imaginer le train-train quotidien? Doit-on regretter une relation que nous idéalisons et qui nous fait rêver encore bien des années plus tard? Pour elle, leur relation est comme un jeu dont elle dicte les règles; pour lui, c'est une maladie chronique.
Je l'aimais... pas tant que ça
Je suis allé voir ce film avec mes parents, un peu contre mon gré. Les films d'amour français, c'est pas vraiment mon genre. Mais, finalement, il n'était pas si mal que ça. Le jeu d'acteur était bon, l'histoire bien faite. Ce n'est certainement pas un de mes films préférés mais, pour ceux qui aiment les drames sentimentaux français, je vous le propose.