*ATTENTION : Coeurs sensibles s'abstenir.
Cette mise en garde préalable n'est pas en lien avec une violence trop graphique ou des images rebutantes qui vous feraient regretter votre pop-corn extra beurre, non, elle s'explique par une caméra nerveuse, convulsive, voire épileptique, qui a tôt fait de persuader votre corps que vous êtes au premier rang du Goliath à La Ronde.
Outre cette caméra hystérique, signature du réalisateur Paul Greengrass, la production s'encaisse assez bien. Il faut dire qu'au niveau de l'originalité, nous n'avons pas d'éloges à faire (cet opus s'apparente aux trois premiers de la série), mais, niveau efficacité, le film opère à tous les niveaux, ou presque.
La nouvelle intrigue (encore une fois, disons-le, pas particulièrement révolutionnaire - ce n'est pas parce qu'on mentionne le nom de Snowden que le sujet devient soudainement moderne) parvient à capter l'intérêt du spectateur dès l'édification de ses prémisses. Celle-ci concerne le passé de Jason Bourne, avant que ce dernier s'enrôle dans Treadstone. Cette idée d'aller fouiller plus loin dans le passé du protagoniste, au-delà de ses implications meurtrières avec la CIA, en était une fertile et pertinente.
Le nouveau personnage de Heather Lee, chef de la division informatique à l'agence de renseignement américaine, habilement campée par Alicia Vikander, possède de nombreuses qualités. Le fait que le spectateur ignore jusqu'à la dernière seconde (et même après la fin du générique) de quel côté elle se trouve, des bons ou des méchants, est l'un de ses aspects positifs de ce personnage complexe. Par contre, les décisions qu'elle prend sont souvent insensées, ses réactions exagérées et l'opportunisme dont elle fait preuve dérangent sur plusieurs aspects. Il est plus facile pour le spectateur d'accepter que Jason Bourne arrive à gagner un combat avec un barreau de chaise alors que son ennemi utilise des haltères, que cette Heather, qu'il ne connaît pas, arrive à identifier la personne responsable d'une brèche dans le système informatique de la CIA en quelques clics de souris.
Les amateurs d'action ne seront certainement pas déçus de ce nouveau chapitre qui carbure à l'adrénaline du début à la fin. Dès les premières minutes, nous avons droit à des séquences d'action fiévreuses et l'intensité ne se dissipe pas avant que Jason Bourne ait complété son cycle de vengeance. Des courses de voitures, de motos, des combats à mains nues carabinés et des chasses à l'homme frénétiques composent ce nouveau Bourne. Le film ne se complait pas de langoureux dialogues, il agit. Le montage bouillonnant, de concert avec la réalisation névrosée, apporte une énergie supplémentaire à la production, qui regorge d'intensité.
Jason Bourne est le divertissement parfait pour les amateurs de sensations fortes. Ceux qui ont besoin que ça bougent et qui ont horreur du cinéma contemplatif français. Pour les autres, ceux qui (comme moi) ont le coeur fragile, attendez le DVD ou assurez-vous de ne pas vivre l'expérience immersive AVX, ESV ou IMAX, question que votre coeur reste dans votre poitrine, plutôt que sur vos lèvres...