Petit conseil : lorsque votre meilleure amie d'enfance ayant un comportement particulièrement bizarre par les temps qui courent vous demande de l'aider à garder une entité maléfique à l'intérieur d'un pot Mason, ne jamais, au grand JAMAIS, briser ledit contenant aussitôt les faits exposés.
C'est le point de départ de It Lives Inside, un suspense d'épouvante on ne peut plus conventionnel sur papier dans lequel une adolescente indo-américaine doit soudainement faire face à une force démoniaque invisible se jouant autant de sa santé mentale que de la santé physique des individus qui l'entourent.
Intégrer un récit horrifique à cette période d'affirmation, de recherche d'identité (autant personnelle que culturelle dans le cas présent), et de constantes remises en question qu'est l'adolescence n'est, certes, plus une idée novatrice. Mais un artisan doué et ayant un minimum de suite dans les idées saura lui conférer toute sa perspicacité.
Le présent exercice propose d'autant plus un détour intrigant du côté de la culture et de la mythologie indienne pour tenter d'injecter un peu de sang neuf à cette formule éculée.
Malheureusement, le vent de fraîcheur attendu s'arrête exactement là où il commence.
Le réalisateur Bishal Dutta semble plus souvent qu'autrement suivre un cahier de charges sans grande conviction, trimballant ses personnages d'une scène à l'autre en ne tenant aucunement compte de l'impact émotionnel et psychologique de leur parcours respectif.
Le récit ne se contente que de se rendre du point A au point B en ne se souciant guère d'une quelconque logique narrative ou dramatique.
Esthétiquement, le résultat est tout aussi terne, redondant et prévisible, ponctué de choix de mise en scène ennuyeux et/ou résultant d'un manque d'assurance de la part du maître de cérémonie.
Là où un cinéaste plus inspiré et en contrôle aurait pu faire fi d'un manque plus qu'apparent de moyens en misant davantage sur ses instincts créatifs, on dénote dans It Lives Inside une incapacité à créer ou soutenir une quelconque forme de tension tellement l'ensemble est livré de manière prudente et désincarnée.
Les séquences s'étirent inutilement et se terminent toujours sensiblement de la même manière, dans un schéma narratif qui ne fait que tourner en rond, ne sachant pas trop quoi faire de sa menace pour la rendre un tant soit peu angoissante, voire simplement digne d'intérêt.
Dans le rôle principal, la jeune Megan Suri offre une performance habitée malgré le peu de matière avec laquelle elle a dû composer. Mais comme tout le reste, sa Samidha, évoluant entre les traditions si chères à sa mère et la réalité occidentale à laquelle son père s'est beaucoup mieux intégré, ne sert qu'à nourrir une intention, au détriment d'une histoire à laquelle il manque cruellement de chair autour de l'os.
It Lives Inside n'est finalement qu'un exemple parmi tant d'autres de film de genre reposant sur une bonne idée, mais ne parvenant jamais à l'exploiter à son plein potentiel. La faute revient ici à une réalisation trop rigide, trop quelconque, refusant ultimement toutes prises de risque.