Intouchables ne connaît pas un succès aussi fulgurant à l'international pour rien; son humour à la fois tranchant et naïf, son histoire inspirante, ses acteurs plus vrais que nature et ses nobles ambitions philanthropiques en font une oeuvre exceptionnelle qui dépasse les barrières de la culture et de la langue (qui, dans ce cas si, est la nôtre). Pour apprécier pleinement Bienvenue chez les Ch'tis, par exemple, - une autre comédie française qui a connu un succès impressionnant en Europe comme ici - il fallait connaître, aussi minimalement que possible, certaines caractéristiques du peuple français, de leurs habitudes et la relation que les citadins entretiennent avec les banlieusards. Par contre, dans le cas de Intouchables, aucune introduction n’est nécessaire, l'histoire transcende les moeurs et les coutumes d'un peuple pour nous livrer une véritable allégorie (allégorie truffée de sarcasme et de dérision, mais allégorie quand même) du genre humain.
Le sceau de l'« histoire vraie » amène - comme c'est généralement le cas avec les faits vécus - une sincérité et une douceur profitables à l'oeuvre. Le film fonctionnerait très bien sans cette dimension d'authenticité, mais on ne peut nier que l'objectivité, aussi relative soit-elle, y est pour quelque chose dans la solidité et l'intensité émotionnelle du long métrage. Il est rare qu'un film parvienne à toucher, à amuser et à dérider aussi bien que le fait Intouchables. Chacune des blagues - aussi superficielles soient-elles; des jokes de caca et de bas collants aux jeux de mots inventifs sur des peintres et des musiciens célèbres - font avancer le récit et contribuent à son efficacité dramatique. Parce que le drame occupe aussi une place importante au sein du récit. L'un des personnages principaux est tout de même tétraplégique, souffre sérieusement de l'effet rebond de ses médicaments et du décès de sa femme. Heureusement qu'il y a cet Africain inconscient pour pallier à la neurasthénie de l'handicapé. Ensemble, ils forment un duo percutant, exaltant, qui ne peut que charmer son public dès les premiers instants. L'introduction est d'ailleurs très efficace, teintée d'un humour noir décadent qui nous donne envie de connaître la suite, ou plutôt ce qui a mené à cette situation improbable présentée en ouverture.
François Cluzet et Omar Sy s'acquittent avec grande distinction de leurs rôles respectifs. L'un, habitué du cinéma français, l'autre, le nouveau chouchou de nos cousins, chacun apporte, à sa manière, une dimension essentielle à l'histoire, un point de vue différent l'un de l'autre, mais tout aussi lucratif à l'ensemble. La réalisation d'Olivier Nakache et Eric Toledano s'harmonise parfaitement avec la trame narrative atypique. La plupart des plans donnent toute la place aux personnages, à leurs expériences, mais les cinéastes savent quand s'immiscer dans l'histoire pour lui donner plus de profondeur et de personnalité; les plans déphasés lorsque le tétraplégique déprime et les quelques séquences en deltaplane prouvent l'efficacité et le rendement de cette immersion contrôlée.
Intouchables mérite amplement ses éloges internationaux et son succès au box-office. L'intelligence de ses textes, la pertinence de son sujet et la compétence des ses acteurs sauront marquer à jamais - ou du moins pour la prochaine décennie - le cinéma français et même mondial. Comme quoi une bonne histoire, bien racontée et bien interprétée, ne peut qu'émerveiller et convaincre les plus sceptiques. Il ne reste plus qu'à savoir ce qui fait une bonne histoire... À mon avis, demandez à Olivier Nakache et Eric Toledano, ils ont, de toute évidence, la recette miracle.
Intouchables ne connaît pas un succès aussi fulgurant à l'international pour rien; son humour à la fois tranchant et naïf, son histoire inspirante, ses acteurs plus vrais que nature et ses nobles ambitions philanthropiques en font une oeuvre exceptionnelle qui dépasse les barrières de la culture et de la langue.
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