Mis à part Scream, est-ce qu'il y a eu une seule licence dans l'histoire du cinéma horrifique qui était toujours pertinente au quatrième épisode? Non. Ce n'est pas Insidious qui sera l'exception historique avec le soporifique The Last Key.
On revient cette fois sur l'enfance de la médium Elise, le personnage le plus intéressant de la série. D'ailleurs, toutes les clés sont données dans l'introduction pour faire oublier les pénibles chapitres 2 et 3 et enfin revenir à la base du terrifiant premier tome. Il y a un réel climat d'angoisse, une époque déjà mouvementée (les années 50 avec la menace du communisme), des personnages en trois dimensions, une héroïne différente des autres, une famille torturée et une tonne de symboles qui plairont aux amateurs de David Lynch.
Mais dès que la protagoniste devient adulte et qu'elle est incarnée par Lin Shaye, on tombe dans la redite. Le schéma narratif reprend exactement le même moule que les précédentes offrandes (enquête, fausses pistes, visite dans l'autre monde). Il n'y a absolument rien de nouveau au menu et même les fans risquent de bayer aux corneilles. Surtout avec cette conclusion qui sombre dans le grotesque et le ridicule.
Alors que la tangente dramatique et psychologique verse dans la simplicité outrancière et les rencontres fortuites afin de rappeler qu'il faut absolument régler le cas avec le passé, cela ne va guère mieux lorsqu'on se concentre sur les moments d'effroi. Aucun ne fait réellement frissonner. À force d'utiliser des sursauts gratuits (ceux qu'on obtient en augmentant l'intensité de la musique) et des conventions scénaristiques, le spectateur sait exactement où va apparaître telle ou telle entité. Le jeu n'en devient pas seulement prévisible, mais un peu lassant En jouant dans la cour des grands, en étant aux commandes de son premier film grand public, le cinéaste Adam Robitel semble avoir perdu l'étincelle et l'authenticité qui rendait son précédent The Taking of Deborah Logan si inquiétant.
Évidemment, la seule réelle raison d'embarquer dans l'aventure est la présence rassurante de Lin Shaye. Celle qui flirte avec le cinéma de genre depuis déjà quatre décennies est encore en pleine possession de ses moyens, amenant de la crédibilité là où il n'y en a pas, faisant presque oublier le script risible de Leigh Whannell. Ce dernier passe d'ailleurs trop de temps à l'écran en acolyte chasseur de démons et le duo comique qu'il forme avec le cabotin Angus Sampson tombe rapidement à plat.
À une époque où les excellentes oeuvres d'horreur (Get Out) ou de fantômes (A Ghost Story, Personal Shopper) sont légion et que les suites sont souvent meilleures que l'original (Annabelle, Ouija), The Last Key ressemble un peu trop à cette vieille recette usée jusqu'à la moelle que l'on balance en début d'année afin de faire de l'argent sans trop se forcer. Peut-être qu'on aurait simplement dû se limiter au premier Insidious et ne pas étirer inutilement la sauce.