Now You See Me est un excellent film de magiciens, un film rythmé, intelligent, sexy; un film qui aurait probablement été parfait si plusieurs des « punchs » principaux n'avaient pas été révélés dans la bande-annonce. C'est une aberration lorsque ça arrive, quand le cinéphile connaît déjà l'issue des évènements, avant même l'explication par le protagoniste, parce qu'elle a été dévoilée plusieurs mois auparavant dans la bande-annonce. Nous n'en sommes pas concients lorsqu'on la visionne bêtement dans une salle de cinéma, mais quand on assiste à la projection du film en question et qu'on comprend, vers la moitié, qu'on sait déjà ce qui va arriver; pas parce qu'on est particulièrement intelligent et perspicace, mais parce qu'on nous l'a dit par des images trop parlantes il y a plusieurs semaines, c'est frustrant.
Ceci étant dit (et mon indignation estompée), passons à la critique du film...
The Prestige et The Illusionist ont entraîné lors de leur sortie presque simultanée en 2007 un nouveau champ d'intérêt pour Hollywood; celui des magiciens. Récemment, avec la comédie The Incredible Burt Wonderstone et Oz: The Great and Powerful, cet intérêt n'a été que décuplé. Now You See Me arrive donc à un bon moment, à un moment où le public s'intéresse aux prestidigitateurs sans en être lassé. Le suspense de Louis Leterrier présente l'envers du décor des spectateurs d'envergure que nous dévoilent les David Copperfield de ce monde. Il livre même quelques secrets bien gardés des magiciens et présente les différentes branches de la magie. Le long métrage reste crédible dans le contexte de l'histoire malgré l'extravagance de certaines plusieurs scènes.
Now You See Me fait, en fin de compte, très peu d'erreurs; il propose une intrigue intéressante qui reste cohérente malgré les nombreux mystères qui planent sur l'histoire, ses interprètes sont efficaces et crédibles, ses valeurs à propos, sa réalisation dynamique et, surtout, le film - même s'il s'affirme comme un « divertissement grand public » - ne prend jamais ses spectateurs pour des imbéciles. Il aurait pourtant été très facile de mettre l'inexplicabilité de certains tours sur le compte de la magie, du surnaturel, mais Now You See Me n'opte pas pour la voie de la facilité, il choisit le chemin de la subtilité, un parcours beaucoup plus ardu, mais bien plus profitable.
Le quatuor que forment Jesse Eisenberg, Isla Fisher, Woody Harrelson et Dave Franco s'avère fonctionner à la perfection. Ils ont tous leur rôle à jouer au sein de cette histoire et prennent la place qu'il leur a été assignée sans empiéter sur celle des autres. Le personnage de Mélanie Laurent est probablement le plus inutile, et la relation qu'elle développe avec Mark Ruffalo est encore plus invraisemblable que la téléportation d'un spectateur dans le coffre fort d'une banque française depuis Las Vegas. L'abandon de leur idylle aurait probablement été profitable à l'ensemble du récit qui souffre de leurs minces affinités.
Now You See Me arrive à nous éblouir, nous tromper, nous confondre et nous charmer pendant près de deux heures, et seulement pour ça, il mérite qu'on le considère et, même, l'applaudisse.