Le meilleur Lynch?
J'ai adoré Inland Empire. C'est une oeuvre complexe, digne des meilleurs Bergman (Personna en est selon moi une des inspirations). Analysez les incohérences, les transitions entre les univers : ce n'est pas du charabia, ce n'est pas faussement intellectuel, c'est un discours riche et poétique sur la nature du cinéma, des médias et de leurs effets sur nous. La polonaise, dans sa chambre devant la télé, est le personnage central, c'est elle qui regarde la télé, vide, qu'elle remplit du film que nous voyons. Je ne veux pas gâcher le plaisir des cinéphiles, et de toute façon je me trompe peut-être, mais la clé, pour ne pas sortir de l'épreuve Inland Empire avec le sentiment d'avoir été mené en bateau vers nulle part, est la même clé qui permet d'y voir plus clair dans Mulholland Drive et Lost Highway: un personnage en détresse, pour échapper à ses misères, volontairement ou non, s'invente une réalité parallèle, un fantasme, une fuite psychogénique. Tout va bien au début mais très vite la réalité, trop rugeuse à étreindre, revient en force dans le fantasme et y introduit les éléments traumatisants que le personnage voulait justement fuir (c'est le retour du refoulé). Donc la polonaise l'a très, très dure, elle "part" dans l'écran cathodique et s'y perd dans un rêve hollywoodien (l'objectif inavoué des grands studios : happer les consciences), et je vous laisse décoder la suite. Donc, préparez vous à une écoute très active.