Avis sous influence.
Les plus âgés doivent se souvenir des téléfilms de seconde partie de soirée faisant partie de la collection « Hollywood Night » diffusés sur TF1 dans les années 90. « Influencer » pourrait clairement en faire partie. Vu de loin, si ça existait encore et adapté à notre époque. Réalisateur inconnu, pas de sortie en salles, acteurs de seconde zone, sujet à la mode (les influenceurs et les réseaux sociaux donc) et du suspense mâtiné d’un peu d’érotisme : voilà le cocktail de cette production (et de cette collection). Il est clair que ce film peu ambitieux n’ira donc pas chercher plus loin que la petite série B divertissante à regarder un samedi soir ou un dimanche après-midi quand on n’a pas envie de se triturer les neurones avec un film d’auteur ou qu’on est lassé des gros blockbusters aux millions de dollars de budget.
Sans surprise, « Influencer » n’est pas du grand cinéma et il a beaucoup des défauts inhérents à cette sous-catégorie de films de seconde zone destinés à la VOD et au streaming. Les acteurs, tous totalement inconnus ou apparus en seconds ou troisièmes rôles dans des séries oubliables ou au casting d’obscurs films de la même catégorie, ne brillent pas par leur jeu. On n’ira pas dire que ces comédiens au rabais jouent mal (la tête d’affiche Cassandra Naud se débrouille même assez bien) mais il est certain qu’on n’a pas affaire à du grand acting. L’histoire est intéressante mais elle est traitée de manière assez superficielle et on sent clairement le manque de budget et d’ambition.
Cependant, ce petit film surprend quand même sur bien des aspects. En premier lieu, la critique acerbe du monde des influenceurs est bien vue : pas trop lourde et tout de même assez méchante pour faire réfléchir, elle montre bien la vacuité de ce monde superficiel. Côté intrigue et suspense, c’est plutôt rondement mené à partir du principe du vol d’identité. Il y a peut-être quelques facilités mais l’intrigue se tient, bien qu’on aurait aimé que les motivations de la méchante soient davantage fouillées. Il n’empêche, on est captivé et le film ne souffre d’aucune longueur.
Enfin, on peut louer la mise en scène de Kurtis David Arder qui s’avère soignée. On sent qu’il veut offrir de jolis plans modernes et travaillés pour éviter le côté simplement illustratif. Il y parvient la plupart du temps sans non plus verser dans le tape-à-l’œil ostentatoire. Il y a également un excellent choix musical qui garnit le film aussi bien dans la bande originale vraiment plaisante que dans la bande sonore. Le côté exotique de la Thaïlande est bien optimisé et on passe un bon moment entre sous-texte intelligent et thriller à l’ancienne avec un propos actuel. Pas le film de l’année certes, mais une bonne surprise quand bien même elle vient des tréfonds de la VOD et surtout supérieure à bien des créations affligeantes que nous pondent Netflix ou Prime toutes les semaines.
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