Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à du grand cinéma quand on adapte une oeuvre de Dan Brown. Les aventures de Robert Langdon - autant en format livre qu'en film - sont des divertissements légers et faciles. Ce qui ne signifie pas, par contre, que nous ne pouvons pas avoir énormément de plaisir en les lisant ou en les visionnant.
Le film Inferno manque de personnalité par rapport à son homonyme littéraire. Dans un livre, notre imagination fait une bonne partie du travail, mais un film laisse moins notre esprit fabuler. Ron Howard nous tient par la main dans cette course contre la montre d'une intensité invariable. Mais, malgré toute cette adrénaline, ses fuites in extremis et ses poursuites effrénées, le long métrage n'arrive pas à charmer le spectateur suffisamment pour l'amener avec lui dans sa course. Une oeuvre aussi frénétique devrait pourtant nous transporter au-devant de notre siège et nous amener à encourager les personnages à réussir leur quête, mais ce n'est malheureusement pas le cas. On reste bien tranquillement affalé dans notre banc, recevant les informations et les rebondissements comme des flèches qui manquent leur cible.
Inferno joue aussi beaucoup au pédagogue en nous livrant - tout aussi frénétiquement que l'action - des bribes d'informations sur certaines oeuvres d'art et monuments qui croisent le chemin des héros. Ce savoir infini en symbologie et iconographie que possède le protagoniste est communiqué de manière plus fluide dans le livre que dans son adaptation filmique. Impossible de retenir quoi que ce soit dans ce brouhaha cinématographique. L'intrigue prend tellement de place que l'objectif éducatif est vite mis au rancart.
Ces musées, lieux saints et places publics que visitent les deux personnages principaux à travers l'Europe sont fascinants à découvrir. Dommage qu'ils ne servent que de toile de fond à une course contre la montre superficielle...
On ne peut pas dire, par contre, que cette histoire n'en est pas une intrigante. Cet illuminé qui croit être en mesure de sauver l'espèce humaine de son anéantissement prochain en déversant une peste sur la planète, tuant la plupart des êtres humains et permettant ainsi une reconstruction plus saine du monde, pique rapidement notre curiosité. Le fait que le film débute alors que Robert Langdon est amnésique place d'emblée le spectateur dans un sentiment d'étrangeté. Il est d'abord profitable parce qu'il engendre une saine curiosité, mais il devient rapidement nuisible, comme une incompréhension s'installe sournoisement dans la tête des cinéphiles.
Tom Hanks paraît ici sur le pilote automatique. Pas de grande performance en vue. Felicity Jones, Omar Sy ou Ben Foster ne s'illustrent pas davantage. Celui qui tire le mieux son épingle du jeu est peut-être Irrfan Khan dans le rôle du président d'une étrange organisation qui protège ses riches clients avec des moyens infinis.
Plusieurs critiques ont mentionné qu'Inferno était le meilleur film de la trilogie. Je ne pense pas être en accord avec cette affirmation. Décousu, nerveux et superficiel, Inferno manque de personnalité et de rigueur didactique pour captiver comme il aurait pu le faire. Une descente aux enfers plus pénible - et certainement moins créative - que celle de Dante.