Ramener Indiana Jones au cinéma est le prétexte par excellence pour s'abreuver à la source de la nostalgie et rendre hommage à l'une des plus grandes sagas hollywoodiennes. Si cela a fonctionné avec Star Wars, les fans n'y verront que du feu sur Dial of Destiny.
L'introduction est parfaitement emblématique du film. On retrouve notre héros rajeuni par les effets spéciaux qui tente de retrouver un artefact alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage. L'effet est saisissant et on se croirait revenir à la belle époque de Raiders of the Lost Ark (1981) avec ces morceaux de bravoure et ces nazis obnubilés par le pouvoir et l'argent.
Évidemment, tout cela est faux. Ce sont les trucages étonnants qui en mettent plein la vue, alors que la surabondance de péripéties commence déjà à titiller le spectateur. Il ne s'agit pas de souvenirs d'une autre époque, mais de poudre aux yeux habilement conçue afin que l'admirateur de la série se sente comme dans ses vieilles pantoufles.
Le temps a passé et comme chez Proust, il faut le retrouver. Cela explique pourquoi les gentils et les méchants sont à la recherche du cadran d'Archimède, qui selon la légende est capable de renverser le cours de l'Histoire. De quoi transformer un homme en Dieu en cette période de Guerre froide.
Le reste de la production est une variation sur ce qui fait le charme d'Indiana Jones. Ce mélange toujours satisfaisant entre l'action, l'aventure et la comédie, qui est saupoudré d'éléments romantiques, fantastiques, politiques et historiques. Une formule qui a fait ses preuves et qui regorge d'allusions et de clins d'oeil aux précédents tomes.
Un sentiment de redite et de lassitude se fait pourtant ressentir. Peut-être est-ce la faute des poursuites nombreuses et interchangeables, de la durée excessive (plus de 2h30, ce qui en fait le volet le plus long du lot) ou du troisième acte décevant qui rappelle Army of Darkness, mais où la magie n'opère jamais totalement.
L'absence de Steven Spielberg peut expliquer cela. Son remplaçant James Mangold (qui est sur une belle lancée avec Ford v Ferrari et Logan) est un cinéaste compétent et sa mise en scène demeure vigoureuse. Sauf qu'il ne fait que rendre hommage au style de son maître. Bizarrement, Dial of Destiny ne s'est jamais autant rapproché de l'inspiration première d'Indiana Jones qu'est Tintin.
Le récit appartient totalement à Harrison Ford. L'acteur est encore une fois excellent dans la peau de ce vieil ours renfrogné. Un personnage qui lui va comme un gant, capable de faire rire ou d'émouvoir lors d'une finale poignante qui rappelle l'importance de la famille. À ses côtés se dressent une filleule (Phoebe Waller-Bridge) peu attachante motivée par l'appât du gain, un antagoniste unidimensionnel (Mads Mikkelson) et plusieurs acolytes (Toby Jones, Antonio Banderas) qui ne font que passer.
Le temps est drôlement fait. Alors qu'à la sortie de la plus récente trilogie de Star Wars, on reconsidérait positivement les épisodes I, III et III de George Lucas, la même situation risque de survenir avec le mal-aimé Kingdom of the Crystal Skull qui, avec le recul, s'avère nettement supérieur à Dial of Destiny. Aussi divertissant soit ce cinquième effort, il ne réserve plus aucune surprise ou émerveillement, s'appliquant à reproduire fidèlement le passé. La retraite a sonné pour Indiana Jones et plus personne ne touchera à son héritage mythique.