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Slasher contemplatif.
Petit rappel de ce qu’est un slasher pour mieux appréhender cette critique. Qu’est-ce qu’un bon vieux slasher? Eh bien, ce sont ces films où un tueur masqué dézingue de jeunes adolescents généralement pas très fûtés. Un jeu de massacre généralement aussi ludique qu’effrayant qui a connu plusieurs heures de gloire. La première est ce qu’on pourrait appeler celle de leur naissance et de leur âge d’or dans les années 80 avec les « Halloween » (et Michael Myers comme boogeyman), « Vendredi 13 » (avec Jason Vorhees) ou « Les Griffes la nuit (où c’était l’illustre Freddy Krueger qui officiait) pour ne citer que les plus célèbres. À peine dix ans plus tard, une petite vague teintée de fantastique tentait de raviver la flamme des débuts avec « Wishmaster » ou encore « Candyman » mais le genre est ensuite tombé un peu en désuétude.
Ce n’est qu’à la toute fin des années 90 et au début des années 2000 que le genre va connaître sa seconde période de gloire avec la saga culte des « Scream », en plus méta, mais aussi les « Souviens-toi... l’été dernier » ou « Urban Legend ». Depuis, peu de slashers sortent sur les écrans, le genre étant cantonné aux obscurs menus des plateformes de streaming ou au rayon VOD/DVD. Seuls les remakes, reboots ou autre spin-off des classiques cités précédemment reviennent faire hurler les spectateurs de manière intermittente. D’ailleurs, la saga « Scream » renaît de ses cendres depuis deux ans avec le procédé du legacy sequel (mélange de suite et de reboot) et « Souviens-toi... l’été dernier » va avoir droit à son remake l’an prochain. On est donc peut-être à deux doigts de voir le genre resurgir de ses cendres pour une nouvelle période, peut-être coulée dans ce que l’on appelle désormais le « elevated horror », une mode rendant le genre horrifique et ses dérivés plus noble et plus intimiste.
« In a violent nature » a été remarqué dans plusieurs festivals dédiés. Pour deux raisons : d’abord il joue la carte du slasher intimiste et presque contemplatif, donnant au contexte des grandes forêts canadiennes la place d’un personnage à part entière. Filmé comme du Malick en apprentissage, le film prend son temps, un peu trop peut-être parfois, et les amateurs du genre risquent de trouver cela trop lent. Mais il faut avouer que pour du cinéma minimaliste version slasher il y a quelque chose de presque hypnotique dans ses longs plans fixes sur la nature et le tueur. Car, oui, le second parti pris très étonnant et rarement vu au cinéma pour ce type de films est de filmer la quasi-totalité du long-métrage du point de vue du tueur. On ne voit pas par ses yeux mais la caméra suit ses traces avec précision et il est souvent filmé de dos. Ce que l’on perd en effet de surprise et en sursauts (la plupart du temps forcés et prévisibles de toute manière dans ces films), on le gagne en curiosité. Le film ne fait pas vraiment peur mais cette manière de filmer lui donne un cachet très particulier.
On pense parfois à « It follows » pour le côté slasher d’auteur et bête de festival bis ou à « Tous les garçons aiment Mandy Lane », rare tentative de slasher poétique et hors des sentiers battus. L’absence de musique et le peu de développement des personnages (on n’y perd pas grand-chose vu que c’est rarement une qualité dans ce genre de productions) ne jouent pas contre lui mais nourrissent encore plus cette impression de rareté. Le grain vieilli de l’image nous rappelle aux bonnes heures des premiers slashers et « In a violent nature » ne lésine pas sur les mises à mort extrême voire d’un gore insoutenable. On a d’ailleurs droit à l’un des meurtres les plus violents et hard jamais vu sur grand écran (celle du crochet et de la chaîne). Surprenant, vraiment poisseux et jusqu’au-boutiste. En plus de cela, le tueur et sa brève légende sont réussis. Il est donc très dommage que le dernier quart d’heure rompe avec la promesse initiale sans véritable raison et que le film se finisse de manière nébuleuse et frustrante. En plus de ne plus adopter le point de vue du tueur, le film devient bavard, anti-spectaculaire et abscons. Dommage, car sans cela il obtenait ses lettres de noblesse dans le genre; en l’état c’est un slasher original, très gore et presque envoutant par instants.
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