George Clooney a réalisé plusieurs films au cours des dernières années, mais aucun d'entre eux n'est sorti du lot. Ils étaient tous beaux visuellement, touchants, assez divertissants, mais ils ne possédaient pas cette touche de magie qui fait qu'une oeuvre cinématographique se démarque. The Boys in the Boat souffre du même problème que toutes ses productions précédentes, soit un cruel manque d'audace. Attention, cela ne signifie pas que le long métrage est insatisfaisant, au contraire. Le réalisateur exécute toutes les étapes de la recette du bon film populaire à la perfection. Le problème, c'est qu'il n'ose jamais en démordre.
The Boys in the Boat, inspiré du best-seller écrit par Daniel James Brown, raconte l'histoire vraie de l'équipe d'aviron de l'Université de Washington de 1936 qui a concouru pour l'or aux Jeux olympiques d'été de Berlin. Les huit hommes venaient de milieux modestes, au contraire de ceux qu'ils affrontaient sur l'eau. On suit principalement l'un d'eux, Joe Rantz, qui a décidé de faire de l'aviron pour gagner les quelques dollars qui lui permettraient de payer ses frais d'université. Il s'est révélé être un atout majeur dans cette équipe d'opprimés, au plus fort de la Grande Dépression.
Là où George Clooney réussit pleinement, c'est lors des séquences de course. L'intensité de la compétition nous pousse au-devant de notre siège. Même si on se doute bien de la tournure des évènements, on reste inquiet pour les sportifs, qui ont beauocup de pression sur les épaules. Esthétiquement, c'est aussi splendide. L'aviron est une discipline très noble, et la façon dont Clooney nous présente ledit bateau, autant sur l'eau qu'en fabrication, impose le respect.
Le long métrage nous enseigne aussi quelques faits intéressants sur ce sport nautique méconnu, mais s'avère assez chiche du côté historique. Il y a eu bien des manigances et des conspirations lors des Jeux olympiques de Berlin sous Hitler, mais tout cela n'est jamais abordé, à part quelques allusions bien peu subtiles à Jesse Owens.
Callum Turner reste assez pudique dans son jeu, affublant une forme de mystère et de profondeur à son personnage (Joe Rantz). Joel Edgerton, qui incarne le coach de l'équipe, se révèle très touchant. Le reste de la distribution s'acquitte de sa tâche avec adresse, sans que personne s'illustre davantage. Il faut également souligner que la vibrante trame sonore fait aussi partie des qualités du drame sportif.
The Boys in the Boat possède un petit quelque chose d'une autre époque : un divertissement linéaire et réconfortant, qui réchauffe le coeur pendant deux heures, mais qu'on aura oublié avant que les rameurs atteignent la ligne d'arrivée.