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FILM MAGNIFIQUE QUI A DES RELENTS DE CHEF-D'OEUVRE.
TOUT EST ÉBLOUISSANT DANS CE FILM. L'HISTOIRE, LES DIALOGUES ET LA TRAME NARRATIVE NOUS ACCROCHENT TOUT DU LONG MALGRÉ LA DURÉE. LES DÉCORS ET LA RECONSTITUTION D'ÉPOQUE NOUS ÉMERVEILLENT. LA CUPIDITÉ SEMPITERNELLE DE L'HUMAIN SE DÉVOILE DE FAÇON MAGISTRALE DANS CET OPUS DIGNE D'AMADEUS.
Grandeur et décadence littéraire.
C’est ce qui s’appelle du très grand Cinéma! Et oui avec un grand C! Xavier Giannoli réalise ici sans conteste son meilleur film. Et de loin! En adaptant Honoré de Balzac (un écrivain français décidément très à la mode en ce moment après le réussi « Eugénie Grandet » de Marc Dugain), il nous propose une œuvre fleuve, riche en thématiques et visuellement splendide, qui est en outre d’une incroyable modernité. Un film au fond étonnement contemporain, qui résonne avec notre époque comme jamais, et nous passionne sur deux heures et demie sans discontinuer, nous emportant dans son tourbillon de mots et d’images comme peu d’œuvres de ce genre l’ont fait avant celle-ci. « Illusions perdues » coche toutes les cases de la réussite et risque fort de se retrouver en bonne place aux prochains Césars dans toutes les catégories. Du septième art intelligent, poussant à la réflexion constructive, demandant au spectateur de s’investir et qui captive de bout en bout. Du cinéma comme on en voit que trop rarement en somme.
D’abord il y a cet incroyable casting qui gravite autour de l’étoile montante Benjamin Voisin. Dans ce film à la distribution très fournie avec de nombreux rôles d’importance tout comme une foultitude de seconds rôles voire troisième rôles, il y a de nombreuses occasions pour les acteurs de briller. On ne peut tous les citer tant ils sont chacun parfaits dans leurs personnages, alors on en retiendra que quelques-uns. D’abord Gérard Depardieu qui, quand il est bien dirigé, reste le grand comédien français mythique qu’on aime tant. Dans le rôle d’un éditeur vénal et malin mais lucide, il resplendit en l’espace de quelques scènes. Ensuite, Cécile de France incarne l’amour, la douceur et la frustration à merveille en baronne tiraillée entre la raison et le cœur. Et enfin, on a souvent tendance à oublier que Xavier Dolan est avant tout comédien avant d’être metteur en scène et on a tort tant il est parfait en écrivain talentueux et précautionneux. Mais revenons à Benjamin Voisin qui après le solaire et inoubliable « Été 85 » confirme ici son indéniable talent qu’il fait exploser ici durant deux heures et demie. Le charme et la classe à l’état pur. A l’instar d’un François Civil, il fait clairement partie des comédiens sur lesquels il va falloir compter dans les années à venir. N’oublions pas toute la direction artistique de ces « Illusions perdues » qui confine à la perfection. Des décors fastueux aux costumes et accessoires travaillées, c’est un régal pour les yeux et la mise en scène tout sauf statique de Giannoli pour un film d’époque finit de nous convaincre de la superbe de ce long-métrage fabuleux.
Mais ce qui frappe le plus dans ce film à la fois très littéraire et bavard mais proprement passionnant, c’est l’incroyable modernité de son propos. En adaptant Balzac, Giannoli ne s’y est pas trompé et il dresse des ponts et des parallèles entre cette époque et la nôtre qui poussent beaucoup à l’introspection sociétale et devrait faire réfléchir les gens instruits et éveillés sur pas mal de choses. Si on y voit les débuts du théâtre et du divertissement avec ses magouilles et la manière de faire de l’argent (lieux qui sont les ancêtres de nos salles de cinéma) d’une manière incroyable et parfaitement vulgarisée, on découvre également la naissance de la réclame et donc de toutes les astuces publicitaires. On se sent presque coupables de ne pas être au fait de certaines de ces choses qui entourent nos quotidiens. Mais le thème principal et récurrent ici est la littérature et plus précisément un de ses dérivés : le journalisme. Et « Illusions perdues » d’expliquer de manière palpitante, fluide et presque satirique la collusion entre le pouvoir, l’argent et la presse. Toute ressemblance avec des faits actuels n’est pas fortuite faisant de cette œuvre puissante un pamphlet déguisé en film d’époque. Jamais la voix off (celle de Dolan) n’avait été aussi utile et justifiée qu’ici. Comme un personnage caché, elle nous permet de se fondre dans ce monde d’apparence, d’hypocrisie et de magouilles en tous genres. Une pièce d’orfèvre faite film qui ne souffrira pas de plusieurs visions tant le film est fourni, riche et instructif. Presque un chef-d’œuvre!
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