Bien qu'Il pleuvait des oiseaux s'inscrit dans la veine des films québécois classiques - contemplatifs, lents, voire lourds - il en ressort une lumière, une étincelle d'espoir qu'on retrouve rarement (de cette façon) dans notre répertoire, trop souvent hermétique.
Le drame propose une ode rutilante à la vieillesse. Il brosse le portrait de trois ermites attachants, reclus dans les bois pour fuir une vie en société douloureuse. Les trois acteurs principaux sont exceptionnels, à commencer par Andrée Lachapelle, qui livre, à 87 ans, l'une des performances les plus marquantes de sa longue carrière. Il y a une fragilité touchante dans son personnage; une femme internée depuis l'âge de 16 ans sous de faux prétextes. Gilbert Sicotte et Rémy Girard sont aussi fantastiques - vibrants et tragiques - dans leur rôle respectif. On retrouve dans ce film des scènes de nudité étonnante. Il est rare de voir les corps nus de personnes âgées au cinéma; la réalisatrice Louise Archambault les présente comme des oeuvres d'art et le public ne peut qu'être en admiration devant cette grande vulnérabilité.
D'un point de vue visuel, Il pleuvait des oiseaux se démarque par la splendeur de ses paysages (le film a été tourné dans la forêt Montmorency, à Québec). Les nombreuses scènes lors desquelles les protagonistes nagent, libres et sereins, dans le lac, sont particulièrement émouvantes. On salue ici le travail impeccable du directeur photo Mathieu Laverdiere. Il faut dire aussi que les tableaux, découverts par la photographe et peints par l'un des survivants des « grands feux », sont incroyables. Ceux-ci ont été réalisés par Marc Séguin pour les besoins du film. Ils permettent à l'oeuvre cinématographique d'avoir un discours, au-delà de celui de l'obsolescence, sur l'art et la beauté.
La première moitié s'étire un peu, évoquant la passivité des ermites, mais dès que la photographe (Ève Landry) débarque chez eux, le film prend un nouveau souffle, un peu moins méditatif. L'une des scènes finales est difficile à regarder. J'avoue avoir détourné le regard ne voulant pas affronter directement l'évidence. Il pleuvait des oiseaux n'est pas un « feel good movie ». Bien qu'on y retrouve de la lumière et de l'espoir, le film de Louise Archambault nous laisse avec un vague à l'âme obsédant.
Pour les performances transcendantes d'Andrée Lachapelle, Gilbert Sicotte et Rémy Girard et pour ce portrait édifiant de la vieillesse, Il pleuvait des oiseaux vaut le détour, même s'il nous marque de quelques brûlures au passage.