J'ai longtemps pensé à la bonne manière d'aborder cette critique. Peut-être avais-je peur de blesser certaines instances impliquées dans la production, peut-être avais-je peur de clamer haut et fort qu'Il était une fois les Boys est un échec. Bien sûr, je ne suis pas là pour me faire des amis, au contraire de cette reporter au journal télévisé qui commente, en direct du tapis rouge, son appréciation du film, prenant bien soin de spécifier sa « légèreté » et la qualité de sa reconstitution (qui est, certes, satisfaisante, mais qui ne représente pas un argument suffisant pour sauver le long métrage), mais bûcher - comme je m'apprête à le faire - sur une institution comme celle des Boys au Québec, n'est pas une tâche tout à fait aisée à assumer...
Maintenant que je ne peux pas revenir en arrière (ou que je ne me le permettrai pas, après avoir débuté si crument mon texte), allons-y et assumons-nous : Il était une fois les Boys est définitivement le pire film de la franchise, et probablement l'une des pires productions québécoises de l'année 2013. Le scénario, mal ficelé, s'enfarge dans des fioritures dramatiques insensées; les rôles secondaires qu'on a donnés aux vieux Boys sont parfaitement ridicules (l'un est le coach, l'autre le père, le troisième, chauffeur de zamboni au Forum), les sujets abordés sont d'une lourdeur injustifiable (la mort, le divorce, le viol, les problèmes de jeu, etc.) et la performance des jeunes acteurs n'est pas à la hauteur de celle des plus grands. Les comédiens (nouveaux venus dans le paysage cinématographique) semblent avoir voulu coller presque intégralement aux mimiques et aux expressions de leur alter ego, jusqu'à en perdre toute crédibilité. Les personnages qu'ils interprètent sont de plates caricatures d'individus - stéréotypés certes, mais qui ont su nous prouver toute leur profondeur dans les opus précédents -, qui nous infligent un étrange (et agaçant) sentiment de déjà-vu.
On a beau nous entourlouper en nous disant que Les Boys n'est pas un film de hockey et que le sport est davantage une trame de fond, il reste que le hockey aurait dû reprendre une place plus grande que celle qu'on lui a accordée dans ce cinquième chapitre. Trois minutes et demie, peut-être quatre, de temps de glace ont été conservées dans la version finale. On s'imagine bien qu'on a tourné davantage de séquences sur les patinoires, mais il semble qu'on ait préféré conserver une scène puérile de cinq minutes entre Marc Messier et Joëlle Morin qui déballent des analogies de trains et des larmes en quantité plutôt que de développer une rivalité plus grande entre les As (futurs Boys) et leur opposant sur la glace.
Même si l'humour des Boys était plutôt typé, ces films (ou disons, pour être plus honnête; les deux premiers de la série) renfermaient une finesse narrative et humoristique qui dépassait les simples anecdotes de chambre des joueurs. Malheureusement, Il était une fois les Boys est très maladroit humoristiquement et se moque des sujets graves dépeints dans le film (rappelons-le : la mort, le divorce, le viol, les problèmes de jeu).
Il est évident qu'on a tenté de faire un nouveau La guerre des tuques avec Il était une fois les Boys, faire un beau film d'hiver qui traversera les générations. Malheureusement (comme vous vous en doutez si vous avez poursuivi votre lecture jusqu'ici), on est loin du compte. Retoucher à cette franchise, déjà suffisamment exploitée, était une erreur, mais les intentions mercantiles de l'industrie auront eu (encore une fois) raison de la logique et du respect.