Un film au scénario intelligent, à la satire savoureuse, qui pourrait bien être la révélation de l'été. Brillant. Une comédie délicieuse et virulente qui pose un regard critique sur le monde de la télé-réalité.
Le scénario d'Émile Gaudreault et de ses collaborateurs Martin Forget, Daniel Thibault et Benoît Pelletier, fort d'une délicieuse verve, mord le monde des médias, griffe la convergence de la presse et caricature le phénomène de la télé-réalité avec humour, intelligence, complétude et un plaisir coupable apparent.
Quatre femmes très différentes participent à une émission de télé-réalité au canal OmniGlobal. D'abord Daphnée, contagieuse de bonne humeur, Cat et ses trois garçons, Manon et sa mère et Mimi, bibliothécaire timide de St-Agnostique (délicieux…). Chacune d'elle devra s'attirer la faveur du public et surmonter d'importantes embûches pour devenir l'idole instantanée d'un public conquis d'avance mais exigent.
Les acteurs sont certainement fascinants; d'abord Claudine Mercier, dans cinq rôles, dont on ne peut que saluer l'immense rigueur et à laquelle on pardonnera quelques caricatures un peu grossières, d'autant que c'est tout à fait dans l'attitude générale du film que de dépeindre naïvement – dans le bon sens du terme - le paysage médiatique actuel. Parce que oui, Idole instantanée est un film d'actualité, où les ressemblances avec les Québecor et les Pierre-Karl de ce monde ne sont pas fortuites, où la dérision dans le ton ne néglige pas complètement la problématique qui le justifie : la télé-réalité. D'abord son omniprésence, celle du réseau OmniGlobal, ensuite l'aspect « religieux » du rendez-vous hebdomadaire des « galas ». Le message est clair, omniprésent, vitriolique mais tellement bien présenté que l'ensemble n'est jamais trop pesant ni trop léger.
Claudine Mercier, donc, est électrisante dans ces rôles, et fait complètement oublier qu'elle en est à une première expérience au cinéma. Maxime Denommée offre une performance éblouissante, particulièrement assurée et très adroite dans le rôle de l'animateur Jérôme Jacques. Les rôles plus secondaires de Louise Turcot et de Martine Francke apportent eux aussi leur lot de rires, tout comme les trois garçons de Cat et leur adorable franchise. Les apparitions de Guy A. Lepage, de Sylvie Léonard et de Denys Arcand s'avèrent aussi très amusantes.
La réalisation d'Yves Desgagnés, fort d'un impressionnant bagage au théâtre, démontre un savoir-faire et une maîtrise surprenants. Son passé d'acteur transparaît dans l'assurance de ces comédiens, qui ne sont apparemment pas laissés au dépourvu dans ce monde impitoyable de la convergence médiatique. En se concentrant sur les détails dans son travail, il déclenche des rires, bien sûr, mais aussi des réflexions nécessaires. Son regard est précis, sévère dans le fond, mais léger dans le traitement.
S'il faut continuer à espérer que la télé-réalité s'essoufflera tôt ou tard, il faut aussi espérer qu'Idole instantanée, à la fois pour sa rigueur technique, ses qualités artistiques et la force et la pertinence de son propos, continue de faire du bruit dans les foyers québécois, si religieusement accrochés à ces vedettes improvisées.
Idole instantanée n'est pas un film d'été comme les autres, ou il est un film d'été comme ils devraient tous l'être : intelligent et engagé, à l'humour bien dosé et efficient. Une réussite.
Un film au scénario intelligent, à la satire savoureuse, qui pourrait bien être la révélation de l'été. Brillant. Une comédie délicieuse et virulente qui pose un regard critique sur le monde de la télé-réalité.
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