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Antiquité cinématographique.
Acclamé par les critiques, succès d’estime en salles et récipiendaire de nombreuses récompenses à travers le monde avec notamment l’Oscar du meilleur film étranger, « Ida » est le prototype même de la bête de festivals. Sortant clairement du tout-venant de la production cinématographique contemporaine et s’affranchissant de toutes les modes, ce long-métrage risque de ne pas plaire à tout le monde par sa facture visuelle et narrative très particulière. On y voit une nonne partir à la recherche de ses origines et de son passé pendant que sa foi se heurte à l’athéisme de sa tante dans la Pologne communiste des années 60. Beau sujet traité comme si le film avait été tourné à cette époque. Et c’est ce qui pourra laisser beaucoup de spectateurs sur le bas-côté.
L’esthétique du film est vraiment soignée et cohérente de bout en bout. Mais on a rarement vu film aussi austère dans sa réalisation. Une austérité payante car les images sont magnifiques mais tout est d’une froideur clinique qui confine à l’ascétisme. Noir et blanc sublime, cadrage carré, quasi absence de musique et dialogues limités au minimum font que « Ida » pourra en rebuter plus d’un. Mais cette forme assumée de bout en bout est aussi peu avenante qu’elle est paradoxalement somptueuse. Les personnages semblent comme écrasés par le cadre et le poids du passé et des âmes. Les plans fixes s’enchaînent comme des photographies artistiques d’antan et flattent l’œil. Mais ce déchaînement de rigueur et de sévérité visuelle est si rare qu’il faut accepter de s’y plonger sous peine de trouver tout cela artificiel. « Ida » est comme une pièce de musée, à la fois poussiéreuse mais au fond finalement universel.
La quête des origines de l’héroïne parvient tout de même à nous captiver. On a envie de découvrir le secret derrière le passé du personnage principal. Si les révélations qui s’égrènent au compte-gouttes ne sont pas renversantes, elles maintiennent notre attention durant les deux tiers avant que notre intérêt s’amenuise dans la dernière partie. Heureusement le film est court et ne semble pas durer une éternité malgré son rythme lent et son penchant contemplatif. Les thèmes abordés sont forts et bien mis en exergue mais tout cela penche parfois trop vers le conceptuel au détriment de l’émotion qu’un tel sujet et que de telles thématiques laissaient présager. Du cinéma d’auteur pur et dur pour public averti.
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Ida ou La nonne muette
Ida, la future nonne, n'est pas parlante, c'est là son principal atout pour devenir carmélite car j'ai rarement vu un tel mutisme chez un personnage principal. Si encore ses expressions faciales ou corporelles compensaient son rôle quasi muet, cela serait supportable, mais malheureusement, ce n'est pas le cas. Tous les personnages du film sont privés de toute capacité d'inter-relations, ce qui donne somme toute un film d'une froideur et d'une torpeur à vouloir fuir toute réalité polonaise, un peu à la manière de la tante Wanda alcoolique, juge politiquement engagée, fumeuse invétérée dont les nombreuses allumettes si difficiles à allumer sillonnent presque tout le parcours du film jusqu'à sa chute fatale. Quant au retour au bercail de Ida, c'est du plus inattendu et du plus grand improbable en 2014.