Bourré d'images fortes qui restent gravées dans la mémoire, I'm Not There : Les vies de Bob Dylan est pourtant confus et bien trop long pour être vraiment efficace. Le montage particulièrement créatif fait plusieurs propositions très audacieuses mais ne rend pas justice à l'histoire, aux histoires en fait, qui sont déjà assez complexes comme ça. L'ombre de Bob Dylan flotte au-dessus du film de Todd Haynes, mais seuls les fins connaisseurs de la vie du chanteur pourront apprécier les références et les subtilités des nombreuses et lourdes métaphores du film.
I'm Not There : Les vies de Bob Dylan est basé sur un concept très audacieux : six acteurs différents incarnent chacun un « aspect » de Dylan. Ce peut être un moment de sa vie, une attitude, une obsession. Et à partir de ces informations, Haynes, qui signe le scénario avec Oren Moverman, invente l'histoire d'un tout autre personnage et présente quelques moments de sa vie à lui en prenant toutes les libertés. Plusieurs époques et plusieurs pays, même un jeune garçon noir pour personnifier Dylan, sans jamais prendre le nom. Le traitement très inhabituel remet en question la forme classique des biographies au cinéma, et même si cette audace est la bienvenue pour donner un second souffle à un genre qui ne s'est pour ainsi dire jamais renouvelé - il y a peut-être une bonne raison... - ce n'est pas encore tout à fait au point.
D'abord parce que de nombreuses longueurs et répétitions alourdissent inutilement les récits. L'histoire trop classique d'un couple qui se sépare tourne rapidement en rond, et l'insistance d'un journaliste anglais s'avère rapidement redondante, particulièrement parce que les réponses ne vont jamais plus loin que la simple boutade nihiliste. Alors que la première moitié du film fait efficacement appel à l'évocation émotive, la seconde partie s'affaire à conclure les trop nombreuses histoires sans véritable inspiration et surtout, sans nécessité.
La rumeur voulait que Cate Blanchett offre une performance colossale dans le rôle d'un homme; pourtant, il est très difficile de croire à sa transformation. Sa voix, sa démarche, son corps trahissent sa véritable identité sexuelle, aussi androgyne soit-elle avec ses cheveux courts et ses lunettes.
La direction-photo lumineuse établit merveilleusement les nombreuses ambiances du film. La réalisation de Haynes, inspirée mais prise au piège dans son concept, devient vite extravagante, presque excessive. Tout n'a pas la même valeur dans son film, et le manque de concision fait beaucoup souffrir I'm Not There : Les vies de Bob Dylan.
Au final, un film épuisant à regarder qu'il est difficile - mais pas impossible - d'apprécier. Un bel exemple de cinéma de l'évocation émotive qui a ses bons moments, mais qui repousse sa conclusion inutilement. Sinon, le montage scabreux perd presque son pari; derrière toute la confusion du film se cachent effectivement de nombreuses idées nouvelles qui méritent une attention particulière, mais la véritable innovation du film demeure de rejeter la simplicité et de ne pas se transformer en panégyrique flagorneur.
Bourré d'images fortes qui restent gravées dans la mémoire, I'm Not There : Les vies de Bob Dylan est pourtant confus et bien trop long pour être vraiment efficace. Le montage particulièrement créatif fait plusieurs propositions très audacieuses mais ne rend pas justice à l'histoire, aux histoires en fait, qui sont déjà assez complexes comme ça. L'ombre de Bob Dylan flotte au-dessus du film de Todd Haynes, mais seuls les fins connaisseurs de la vie du chanteur pourront apprécier les références et les subtilités des nombreuses et lourdes métaphores du film.