Je ne comprends toujours pas pourquoi les cinéastes s'entêtent à filmer les films de guerre en caméra à l'épaule. Cela ne faisait pas cinq minutes que Hyena Road était commencé que déjà j'en avais la nausée. On s'imagine que cette technique est utilisée pour représenter l'effervescence de la situation et la vulnérabilité des personnages, mais à défaut d'entraîner une fébrilité chez le spectateur, ces mouvements nerveux lui apportent des maux de tête et de coeur; surtout lorsqu'ils sont aussi omniprésents qu'au sein du cinéma de Paul Gross.
Maintenant cette petite montée de lait terminée, attaquons-nous au reste. Nous avons l'habitude de voir des films de guerre patriotiques américains dans lesquels les soldats sont des héros et des modèles pour la nation. Mais, il est plutôt rare de voir de ce genre de fiction mettant en scène des militaires canadiens. Il faut croire que le chauvinisme n'est pas une chose réservée aux Américains. Dans Hyena Road, les drapeaux canadiens flottent dans l'air chaud de l'Afghanistan et un soldat arbore fièrement un tatouage de feuille d'érable sur la main. Ils font presque figure d'anachronismes tellement nous n'avons pas l'habitude de voir ces symboles de notre pays dans ce genre contexte. On finit par s'y faire, mais peut-être que l'adaptation aurait été plus facile si le film nous avait servi une intrigue plus pertinente.
L'histoire de Hyena Road n'en est pas une complexe, et pourtant on a du mal à en faire un résumé conséquent, comme si on avait passé deux heures à parler pour ne rien dire de pertinent. Il y a cet ancien héros de guerre moudjahid qui protège un groupe de soldats canadiens alors qu'ils sont encerclés par des talibans. Il attire donc l'attention d'un officier au renseignement qui part à sa recherche dans l'espoir d'en faire un allié. Puis il y a son ennemi, un tout puissant Afghan, qui cause bien des soucis à l'armée.
On a juxtaposé à cette histoire de guerre une romance stérile dont on connaît déjà les résultantes avant même sa véritable amorce. Les combats sont violents et sanglants, le langage y est cru et s'attarde sur des sujets basiques (il n'y a pas plus basique que les matières fécales) dont il est question quotidiennement sur les bases militaires à l'étranger. Peut-être peut-on dire, en ce sens, que les conjonctures dans lesquelles sont placés les militaires sont près de la réalité dans Hyena Road, mais ce réalisme n'excuse pas son désintérêt.
Le film, qui s'amorce sur une descente des plus spectaculaires, veut visiblement tenir son public sur le qui-vive, mais n'y arrive pas. Le long métrage possède trop de temps morts, trop de vides narratifs, pour angoisser le spectateur comme il aurait voulu le faire. La version française n'aide en rien l'appréciation de l'oeuvre globale puisque le protagoniste, Ryan, un soldat interprété par Rossif Sutherland, le fils de Donald Sutherland, a la voix d'un demeuré (vraiment désolé au doubleur, mais cette voix ne colle pas du tout au personnage et lui donne l'air d'un arriéré).
Il y avait quelques bonnes pistes dans Hyena Road qu'on aurait voulu voir développer davantage, mais comme les scénaristes se sont plutôt tournés vers une histoire d'amour impossible entre deux officiers et des débats moraux usuels sur les pertes civiles, le film laisse un goût amer et insatisfaisant.