The Hunger Games renaît de ses cendres avec The Ballad of Songbirds & Snakes, un antépisode qui traîne en longueur et qui n'apporte malheureusement rien de nouveau à cette série à succès.
Sorti en 2012, le premier film de la franchise a fracassé le box-office tout en lançant la carrière de Jennifer Lawrence. Sans être particulièrement originale (Battle Royale était déjà passé par là, et fait beaucoup mieux), cette adaptation du livre pour adolescents de Suzanne Collins proposait un futur dystopique tumultueux où des gens de différents districts se battaient dans une arène, leurs exploits étant diffusés pour amuser la classe dominante. Un divertissement acceptable qui allait engendrer des suites toujours inférieures à celle qui les précédait. La série ne tarda pas à toucher le fond en 2015 avec le pénible second tome de Mockingjay.
Qu'est-ce qui justifiait un retour aux sources? Rien, si ce n'est le désir de revisiter une série moribonde pour s'en mettre plein les poches. Parce que The Hunger Games n'a laissé aucun héritage valable ou développé le moindre culte comme Harry Potter ou Twilight. Son impact fut limité, et ce nouveau long métrage n'offre aucune évolution ou amélioration notable pour s'inscrire dans son époque (celle de Squid Game).
Surtout qu'en termes d'antépisode, l'effort est discutable. On ne saura jamais vraiment ce qui a causé la destruction de la société, si ce n'est d'une courte scène d'introduction particulièrement chaotique. Place à un saut dans le temps où l'on retrouve notre héros Coriolanus Snow (Tom Blyth incarne une jeune version du personnage interprété précédemment par Donald Sutherland, le futur antagoniste de la série), qui n'a pas le choix de prendre part aux 10e Hunger Games. Il ne le fera pas comme participant, mais comme mentor auprès de Lucy Gray Baird (Rachel Zegler), une apôtre de la non-violence dotée d'une voix admirable. Mais comment pourra-t-elle remporter la mise si elle refuse de se battre?
Cette transposition du roman de Suzanne Collins s'avère lisse et purement illustrative. On entend pratiquement les pages tourner, surtout lors de la première partie beaucoup trop verbeuse, explicative et symbolique, qui arrive à dénaturer des enjeux complexes sur le pouvoir et les classes sociales en les réduisant à leur plus simple expression.
Puis vient le second tronçon où sont concentrées toutes les scènes d'action. Elles arrivent trop peu trop tard, car il faudra se farcir l'interminable entrée en matière. Non seulement elles ne sont ni excitantes ou spectaculaires, mais elles souffrent d'une redondance chronique, allongeant artificiellement le récit.
Lorsque ce dernier semble se terminer, il s'ouvre plutôt sur un troisième et dernier segment qui n'a pratiquement rien à voir avec le reste du long métrage, développant quelques thèmes valables sans les explorer en profondeur. Peut-être que l'effort aurait dû donner deux films au lieu d'un seul de 157 minutes. Parce que la cohésion d'ensemble fait défaut, et que la conclusion bâclée ne semble exister que pour rappeler la possibilité d'une suite.
Le manque de vision de la production fait également sourciller. Au lieu de faire table rase du passé et de commencer sur de nouvelles bases, on a repris la même recette qui était loin d'être gagnante. Cela implique le retour du même réalisateur depuis Catching Fire (Francis Lawrence est un metteur en scène compétent qui ne possède toutefois pas de style propre), du même scénariste, du même directeur de la photographie, du même compositeur, etc. On finit donc par recycler les mêmes idées, les mêmes visions et les mêmes images apocalyptiques, sans oser aller ailleurs, sans se mettre le moindrement en danger.
La distribution s'avère néanmoins soignée. Tom Blyth (aperçu dans le sublime Benediction du regretté Terence Davies) montre beaucoup de charisme dans le rôle principal, et ce, même si la psychologie de son personnage n'est pas sans rappeler celle d'un certain Anakin Skywalker. La chanteuse Rachel Zegler (la découverte du remake de West Side Story) s'en sort également avec les lauriers, bien que la chimie fasse défaut avec son partenaire de jeu. On retrouve dans des rôles secondaires les toujours convaincants Peter Dinklage, Jason Schwartzman et Viola Davis.
Sans tension ni émotion, The Hunger Games: The Ballad of Songbirds & Snakes se déploie dans l'indifférence presque généralisée, offrant la superproduction anonyme de la semaine, malheureusement ennuyante et vite oubliée. Il y avait pourtant matière à repartir le tout de façon beaucoup plus solide et mémorable.