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Une tuerie indienne.
En novembre 2008, la capitale financière de l’Inde, Mumbai, a été la cible d’une attaque terroriste islamiste sans précédent. Les tireurs ont frappé une dizaine de sites emblématiques sur deux jours, laissant les forces de l’ordre exsangues et la ville en état de siège. Il y a eu, entre autres, la gare centrale, un hôpital, un restaurant chic et l’hôtel le plus prestigieux de la ville : le Taj. « Hôtel Mumbai » revient sur ces évènements atroces qui ont changé la face de ce pays surpeuplé, non préparé à de telles attaques et divisé entre une majorité hindou et une minorité musulmane. Il se concentre majoritairement sur les protagonistes ayant vécu l’attaque du Taj. Et ce premier film d’Anthony Maras, qui avait déjà travaillé un documentaire sur le sujet, fait l’effet d’une bombe par son réalisme et son impressionnante et haletante reconstitution des faits. On peut même dire que c’est un sacré moment de tension qui nous happe dès les premières secondes.
Le film s’ouvre sur l’arrivée des terroristes par la mer puis il prend le soin de présenter brièvement les personnages que l’on va suivre durant la fusillade et la prise d’otages du Taj; avant de montrer certaines des attaques de manière déjà très frontale et radicale. Le contexte est donc admirablement posé et pendant une demi-heure le script sème les graines de ce qui va s’annoncer comme un huis-clos étouffant dans cet immense hôtel où clients et staff vont jouer au chat et à la souris pour échapper aux terroristes. L’entrée en scène de ces derniers dans l’hôtel nous laisse bouche bée après avoir déjà eu quelques sueurs froides lors des attaques précédentes. La manière dont est montré leur sang-froid, leur détermination et leur absence d’empathie nous glace d’effroi. Maras ne nous laisse pas une minute de répit, alternant les points de vue et les personnages, tueurs compris. « Hôtel Mumbai » est une gigantesque et terrifiante partie de cache-cache mortelle entre proies et chasseurs. Les scènes d’action sont très réussies, sèches et sans concession mais elles ne cherchent pas l’épate ou le voyeurisme aidé par une mise en scène nerveuse mais parfaitement lisible. Le but est clair et avéré : nous faire ressentir la peur, l’angoisse et l’horreur vécue par les victimes. Et c’est un pari réussi haut la main.
Il y a peut-être un petit manque de contextualisation pour ce qui touche à l’idéologie des terroristes, comme si d’autres nombreux attentats ailleurs avaient essuyé les plâtres sur grand écran. Ce qui pourra en amener certains à parler d’islamophobie, mais le politique ou le théologique ne sont pas les buts premiers du long-métrage. En ce qui concerne l’émotion, celle-ci n’est jamais absente, certaines relations ou situations dans le cadre de ce presque film de survie entraînant l’empathie sans forcer. L’absence d’invraisemblances (rares sont les films où toutes les décisions des personnages s’avèrent logique et crédibles, surtout dans ce genre-là) est salutaire dans une œuvre comme celle-ci qui peut se voir comme un hommage à la résistance des victimes. Tout comme on évite la plupart du temps tout manichéisme ou diabolisation d’untel ou untel. On est lessivé et KO après la vision de cette œuvre intense, violente et choquante. Aucun personnage (ou acteur) ne se tire la couverture à lui ce qui permet une belle homogénéité d’ensemble. Un grand film sur cette page noire de l’Histoire de l’Inde qui impacte autant sur le versant action (des films comme « Assaut » ou « Piège de cristal » ne sont pas si loins) que sur l’aspect tragique et commémoratif. Un tour de force qui laisse pantois!
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