On l'a dit, on le répète aujourd'hui et probablement qu'on en parlera encore demain; un critique n'éprouve aucun plaisir à « détruire » un film, surtout pas une oeuvre québécoise qui a été, nous le savons, produite par des gens passionnés et persévérants. Je ne m'acharnerai pas sur Hot Dog aujourd'hui, pas parce qu'il s'agit d'une production québécoise et que je suis plus clémente avec elles, mais parce que la comédie est bien moins pire que ce que j'avais envisagé (je craignais le pire, je dois l'avouer) et qu'elle rejoint - la plupart du temps - la mission qu'elle s'était fixée. Même si mes propos ne seront pas bouillonnants (ils ne seront pas dithyrambiques non plus, soyons honnête), il est toujours bon de se souvenir que les critiques, que l'on accuse de cruauté envers les cinéastes, ne tentent que de conserver la plus grande objectivité.
Ceci étant dit, passons à Hot Dog. On accuse le cinéma québécois d'être trop élitiste, mais lorsqu'il s'associe à Valentine (probablement la chaîne de restaurants la plus populiste de l'univers), on le dénigre encore. Oui, Hot Dog veut rejoindre le plus grand nombre et ne se gêne pas de s'auto-proclamer léger et réconfortant. Cette histoire d'une compagnie de saucisse qui fait l'objet de possibles poursuites après qu'un citoyen ordinaire ait découvert une dent dans sa viande, que l'un des associés de l'entreprise, qui croyait être sur le point d'être congédié, a déposée pour se venger, amène énormément de quiproquos parfois réussis, parfois moins. Peut-être qu'introduire le parrain de la mafia dans cette histoire, déjà complexe, n'était pas la meilleure des idées, mais elle est, du moins, assumée jusqu'à la fin.
Les acteurs sont, en très grande partie, responsables de la réussite (inégale tout de même) de ces nombreux imbroglios. La plus grande surprise s'avère être Éric Salvail. L'hyperactif de la télévision québécoise nous prouve ici qu'il peut faire bien plus que de l'animation et de la production; il peut jouer aussi. Le personnage qu'il interprète est à des années-lumière de ce que le public connaît de lui et pourtant, il relève le défi avec une étonnante conviction. Paul Doucet, égal à lui-même, livre aussi une performance honnête dans ce film choral dont il tient, pour ainsi dire, les rênes.
Il est dommage qu'on ne puisse éviter les blagues de pets et de problèmes de digestion chronique lorsqu'on a des ambitions « populaires ». Elles ne sont pas omniprésentes ces plaisanteries de premiers degrés, mais elles dérangent, surtout qu'elles n'ont aucune raison d'être au sein de la narration et qu'elles sont trop éparses pour justifier un style particulier. Ce sont les situations qui parviennent à décrocher quelques sourires, voire des rires sentis, les blagues « écrites » tombent, quant à elles, plus à plat.
La réalisation, le montage, la musique sont tous des éléments assez bien maîtrisés qui apportent une profondeur à l'oeuvre qui aurait pu, sans ces balises, facilement tomber dans la bêtise. Marc-André Lavoie, spécialiste de la comédie chorale, fait un bon travail de synthèse et réussit à escorter le spectateur dans cet univers humoristique sans trop le submerger d'informations inutiles. Hot Dog n'est pas le film de l'été, comme il souhaitait être baptisé, mais il n'est pas non plus aussi abrutissant comme d'autres vous le diront. La comédie veut rejoindre la masse et y arrive, non sans quelques maladresses qui compromettent, malheureusement, l'ensemble.