Après deux tentatives plus ou moins réussies (dans l'ordre : Le grincheux et Le chat dans le chapeau), un nouveau conte du Dr. Seuss est adapté pour le grand écran. Mais cette fois-ci, on a choisi l'animation pour donner vie aux personnages colorés du plus célèbre écrivain pour enfants de langue anglaise. Les personnages sont aussi attachants que dans n'importe quel film pour enfants - c'est un art qu'Hollywood maîtrise bien - mais il y a aussi un second sens, subtil tout de même, qui pourrait bien parler d'obscurantisme et de paranoïa, mais aussi du droit à la vie. Des sujets actuels, donc, qui ne prennent pas une ride sur les visages de ces personnages animés à la toute dernière technologie.
Horton est un éléphant un peu naïf qui vit dans la jungle. Un jour qu'il prend son bain, il croit entendre un cri provenant d'un grain de poussière qui passait par là. Convaincu qu'il y a de la vie dans le grain de poussière, Horton décide de le protéger des dangers. Mais une vilaine mère kangourou refuse de croire à la vie sur le grain de poussière et prend Horton pour un fou. Pendant ce temps, le maire de Quiville cherche désespérément à convaincre ses concitoyens de la précarité de leur situation.
Dès les premiers instants, les réalisateurs Jimmy Hayward et Steve Martino montrent ce qu'ils sont capables de faire; la jungle est colorée, les personnages fluides, les textures efficaces même si le résultat est moins « réaliste » et détaillé que les films de Pixar, par exemple. L'histoire est d'une simplicité déconcertante (parfaite, donc, considérant le public-cible) et l'humour très physique des personnages malmenés est très burlesque et aussi efficace pour les jeunes. Les quelques clins-d'oeil aux modes MySpace et emo ne sont cependant pas très inspirés, ni très originaux tout compte fait, mais ne nuisent pas au bon déroulement de l'aventure, qui est somme toute assez palpitante mais qui a une dizaine de minutes de trop. D'ailleurs, pas besoin de ce méchant vautour, Vlad, si c'est pour l'utiliser si maladroitement.
Le travail vocal de Guillaume Lemay-Thivierge, dans le rôle d'Horton, évite les clichés; on ne le reconnaît pas si facilement, il travaille comme un véritable doubleur qui veut laisser parler le personnage. Sa voix demeure particulière et intéressante, même s'il gagnerait à accentuer davantage certaines syllabes. L'expérimenté Joël Legendre n'a quant à lui aucune difficulté à rendre bien vivant son personnage du maire de Quiville et à faire un peu mieux passer cette « miraculeuse » transformation moralisatrice d'estime de soi... qui était attendue, il faut l'avouer. Le truc est vieux comme le monde, contrairement à ceux à qui il s'adresse.
La forte connotation religieuse du film lui donne une maturité et un sérieux bien adultes, sans négliger le jeune public qui devrait trouver dans Horton entend un Qui! toute la satisfaction possible. La recette est simple et elle est bien appliquée par l'ensemble de l'équipe. Le discours « pro-vie » risque d'attendrir les mamans qui emmèneront leur progéniture voir Horton l'éléphant, le fort commentaire social glissé derrière les feuilles de la jungle risque quand même de passer inaperçu à travers les préoccupations du quotidien. Si le Dr. Seuss allait au-delà de ses contemporains, posait un regard particulièrement lucide sur les pratiques de son époque, Horton entend un Qui! y est très sérieusement ancré et n'y fera pas de grande marque. Sauf peut-être sans doute sur le box-office.
Les personnages sont aussi attachants que dans n'importe quel film pour enfants - c'est un art qu'Hollywood maîtrise bien – mais il y a aussi un second sens, subtil tout de même, qui pourrait bien parler d'obscurantisme et de paranoïa, mais aussi du droit à la vie. Des sujets actuels, donc, qui ne prennent pas une ride sur les visages de ces personnages animés à la toute dernière technologie.