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Dur et lumineux
La dure réalité des autistes et de leurs familles, et la bonté des gens qui s'en occupent.
French feel-good movie.
La formule d’Éric Toledano et Olivier Nakache est une formule connue et reconnue désormais dans le cinéma français. Une formule que l’on pourra même qualifier d’éprouvée, sans que ce terme soit péjoratif, depuis leur premier grand succès public (« Nos jours heureux ») il y a quinze ans et le carton intersidéral de « Intouchables » qui a suivi cinq ans plus tard. Et leur formule est clairement gagnante entre analyse d’un sujet de société auquel on mêle rires, larmes et bons sentiments dans une atmosphère en général bon enfant. Avec leur nouvelle réalisation qui traite des centres d’aides sociaux pour personnes en difficulté ou en handicap mental, le duo de réalisateurs touche d’ailleurs à la quintessence de cette formule. « Hors normes » contient en effet tout ce qui fait l’ABC de leur cinéma. On a même parfois l’impression d’un film somme tant il contient les éléments qui ont fait le succès de tous leurs précédents films, du handicap de « Intouchables » en passant par la relation éducateur / enfant de « Nos jours heureux » mais aussi à l’effet film de groupe de « Le Sens de la fête » ou le côté milieu associatif de « Samba ». En gros, comme un best-of du meilleur de leurs films. Et bien sûr la recette fonctionne à nouveau car on prend plaisir devant leur nouvel opus.
Cependant, il y a un problème qui ressort de cette ritournelle de cinéma : on n’est plus surpris et ça vire peut-être trop à la recette attendue et donc qui manque donc un peu de sincérité, bien qu’on tente de nous faire croire le contraire. Et, de la même manière, on sent que l’émotion très présente est un peu trop fabriquée, voire même qu’elle manque de naturel. On pleure souvent devant tant de beaux sentiments mais on a tout de même clairement l’impression qu’on est à la limite du chantage à l’émotion. Toledano et Nakache savent pertinemment ce qui plaît au spectateur mais encore plus ce qui va lui faire couler des larmes et ils ne lésinent pas sur les moyens d’y arriver. C’est parfois un peu gênant car les coutures sont grosses et on sent que tout cela est un peu forcé. Ceci mis de côté on ne va pas cracher sur la marchandise car c’est fait avec application et savoir-faire. Avec passion et amour même pour ce qui est filmé et cela aboutit néanmoins et clairement à une réussite. Ils parviennent donc à nous émouvoir et éveiller nos consciences sur un sujet nécessaire. Ils tirent sur la sonnette d’alarme et attirent l’œil sur un milieu associatif qui reste peut-être trop souvent dans l’ombre en mettant en lumière une profession pas facile : celle d’éducateur spécialisé pour enfants avec des troubles comportementaux. Et la présentation ainsi que la démonstration de ce beau travail est exemplaire.
Dans un arc-en-ciel de personnages très United Colors of Benetton prônant (peut-être un peu trop naïvement) le vivre-ensemble de manière excessivement positive, on suit les pérégrinations de deux associations qui s’entraident (l’une pour jeunes défavorisés en réinsertion qui fournit à ses ouailles à l’autre, chargée d’aider des jeunes souffrant d’autisme plus ou moins prononcé). La passerelle est évidente et magnifique et permet de très belles scènes entre rires et larmes. On sourit beaucoup, on rit parfois mais c’est le plus souvent l’émotion qui l’emporte. Le film n’a pas vraiment d’histoire, ni de fil conducteur, il pourrait se voir presque comme un documentaire immersif sur ce milieu, mais ça fonctionne. Très bien même. Ces petites tranches de vies sont rythmées, attachantes et touchantes. Les acteurs autistes sont incroyables, la réalisation alerte et contemporaine au possible et on ne s’ennuie pas une seule seconde. C’est un beau moment de cinéma à n’en pas douter même s’il manque parfois de naturel comme on l’a vu. Mais, surtout, on découvre une facette de Vincent Cassel qu’on ne soupçonnait pas. Il est renversant et très drôle dans ce rôle d’éducateur et le César du meilleur acteur pourrait lui être donné qu’on ne serait pas étonné.
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