Le premier chapitre de la saga américaine en quatre volets de Kevin Costner n'augure rien de bon pour la suite des choses. Ce western au scénario confus et lancinant, habité par une pléiade de personnages sans envergure, risque de s'avérer un flop coûteux pour le réalisateur de Il danse avec les loups.
En 1990, contre toute attente, Kevin Costner a ressuscité le western grâce à Il danse avec les loups, immense succès commercial auréolé de sept Oscars, dont ceux du Meilleur film, du Meilleur réalisateur et du Meilleur scénario adapté. Trente-quatre ans plus tard, l'acteur et cinéaste remonte en selle pour une autre chevauchée au pays des cowboys qui, cette fois, risque de passer à l'histoire pour les mauvaises raisons.
Costner a vu grand pour la fresque Horizon : Une saga américaine. Non seulement son offrande se décline-t-elle pour l'instant sur deux chapitres de trois heures chacun - le second sortira en salle à la mi-août, les deux autres à une date à déterminer si le succès est au rendez-vous -, mais il l'a lui-même financée à hauteur de 38 millions de dollars. Il lui fallait avoir la foi du charbonnier pour croire si intensément à une production au genre suranné, au scénario emberlificoté, de surcroît sans gros noms au générique, outre le sien.
Se déroulant sur une quinzaine d'années, à l'époque de la guerre de Sécession, la saga « costnerienne » met à l'avant-plan la quête de liberté qui a poussé une poignée de pionniers à prendre le chemin de l'Ouest, à la recherche du proverbial rêve américain. « Go West, Young Men », aimait-on répéter à l'époque. Or, ces grands espaces étaient aussi le territoire de tribus autochtones qui voyaient d'un mauvais oeil l'arrivée de ces « visages pâles ».
Rapidement, le spectateur se demandera s'il n'est pas victime d'un saut dans le passé, au temps de ces westerns qui ne donnaient pas dans les nuances, avec les bons Blancs d'un côté, et les méchants Indiens de l'autre. Le massacre d'un groupe de colons par des Apaches aura tôt fait de mettre la table.
Costner et son collègue scénariste Jon Baird ont fait le choix de raconter leur saga à travers une galerie de personnages unidimensionnels et bien peu intéressants. Telles cette veuve (Sienna Miller) et sa fille orpheline recueillies par un officier de l'armée unioniste (Sam Worthington) qui aura tôt fait de tomber dans l'oeil de la première. Ou encore cette jeune femme de petite vertu qu'un « lonesome cowboy » au grand coeur (Costner) prendra sous son aile, elle et son bambin, pour éviter qu'ils ne tombent entre les mains de deux frères hors-la-loi.
À travers cette poussière des grands espaces, on suit également avec indifférence un convoi de diligences dont fait partie un jeune couple de bourgeois désagréables qui n'apportent strictement rien de bon au récit.
Cette bouillabaisse qui tient lieu de scénario navigue dans toutes les directions, au gré de dialogues insipides, de scènes embarrassantes (la scène de lit avec Costner) ou inutiles (les deux voyeurs du convoi) et d'une musique sirupeuse omniprésente. On a beau chercher, mais il reste seulement de beaux panoramas pour faire oublier un tant soit peu ces trois longues heures qui s'étirent à n'en plus finir.
De toute évidence, Horizon : Une saga américaine risque de rejoindre Un monde sans terre (Waterworld) au rayon des flops dans la carrière de Costner. À moins que le second chapitre vienne tout racheter, ce qui tiendrait du miracle.