Dix ans ont passé depuis Men in Black II. Le monde du cinéma et la plupart des arts visuels et technologiques se sont grandement améliorés depuis, devenant de plus en plus crédibles et de plus en plus surprenants. Nous ne sommes plus étonnés aujourd'hui de voir à quel point un animal ou un extraterrestre construit grâce à la technique du CGI paraît réel et se fond allègrement parmi des acteurs de chair et d'os. Il était évident que la franchise Men in Black ne pouvait que bénéficier du progrès colossal qu'a connu l'industrie des effets spéciaux au cours de la dernière décennie. Ce monde, imaginé par le bédéiste Lowell Cunningham, était un bassin fertile à l'utilisation d'images de synthèse et de cette troisième dimension - d'une inutilité encore persistante, mais au moins défendable dans le contexte de cette comédie de science-fiction. Le résultat, bien que parfois conservateur (on aurait peut-être pu espérer des personnages plus ludiques, comme ce graffiti qui parle aux protagonistes dans la bande-annonce mais qu'on a retiré de la version présentée en salles), s'avère satisfaisant et, comme nous nous y attendions tous, fort bien exécuté.
L'humour est également l'un des aspects qui a fait la réputation de Men in Black. L'air bourru de l'agent K et celui rieur de l'agent J, les fameuses phrases préfabriquées que les hommes en noir récitent avant d'effacer la mémoire des témoins ou les altercations toujours immodérées entre les agents fédéraux et les créatures extraterrestres sont des classiques dont il était impensable de faire abstraction. Puisque le film traite de voyage dans le temps, les blagues sur la situation des Noirs et des femmes dans les années 60 garnissent la production, tout comme les longs moments de silence qui accompagnent le faciès caractéristique des deux protagonistes qui s'observent avec scepticisme.
Les films qui décident d'exploiter le voyage dans le temps souffrent tous à un moment où à un autre d'un problème de cohérence. Un homme va dans le passé pour protéger son ami d'un monstre dont la version du futur décide lui aussi de s'en mêler pour empêcher le sauveteur d'atteindre son but; il est difficile d'être complètement conséquent lorsque la trame narrative du film (une comédie qui plus est, dont l'intérêt principal n'est pas la logique) ressemble à ça. Mais, dans l'ensemble, les événements s'emboîtent assez bien et le public parvient à suivre les différents tableaux sans trop se perdre dans les formalités du voyage temporel.
La chimie qui unit Will Smith et Tommy Lee Jones se révèle, elle aussi, être l'une des raisons de la prospérité et du succès de Men in Black. Pour incarner une jeune version de Jones, il fallait donc trouver un acteur qui travaillerait aussi bien avec Smith que son prédécesseur. Josh Brolin était, sans contredit, le candidat parfait. Il est rare que l'on a la chance voir ce comédien dans des rôles humoristiques, mais cet homme peut jouer aussi bien George W. Bush qu'un homme en noir. Brolin vole la vedette à Will Smith à plusieurs reprises et fait en sorte que ce troisième chapitre soit justifiable au sein de la série.
Quoique « justifiable », c'est un grand mot. Men in Black III est un divertissement de qualité, oui, mais pas un film nécessaire. Le troisième volet ne nous apporte rien qui nourrirait ou fignolerait les épisodes précédents (de connaître la raison - qui n'est même pas vraiment claire de toute façon – du cynisme de K n'est pas suffisant), et il ne renferme rien de stupéfiant qui mériterait qu'on en parle pendant des mois. Mais bon, ça aurait pu être bien pire...