Oh la la! Cette comédie, inspirée d'un sketch de Saturday Night Live, était peut-être une bonne idée sur papier, mais s'avère en fin de compte, excessivement maladroite. On comprend bien l'idée de la caricature suprême du personnage de Sherlock Holmes, de faire du brillant et perspicace détective de Sir Arthur Conan Doyle, un être dépravé, narcissique et demeuré, mais l'effet escompté n'est qu'en partie atteint. Eh que dire que ce cher Watson, dépeint ici comme un dadais qui prescrit de la cocaïne à qui mieux mieux et qui tire sur tout ce qui bouge...
La comédie utilise un style boudé par le cinéma américain depuis un certain temps, soit la satire. On pousse même le concept à l'excès, jusque dans ses propositions les moins ragoûtantes; des chaudières de vomis à l'autopsie d'un cadavre recouvert de crémage à gâteau et dans les plus vulgaires, faire mine de sodomiser le cadavre de la Reine d'Angleterre. Holmes and Watson se permet les pires insanités et ce n'est pas une bonne chose. Certes, on peut saluer son audace, mais celle-ci brime considérablement l'efficacité comique et narrative du film, ce qui nous mène ultimement au désintérêt du spectateur.
Holmes and Watson a choisi d'intégrer à son récit des éléments contemporains et de les adapter à l'Angleterre du début de 20e siècle. On a donc droit à des shakes de protéines et des cours de spinning à la sauce de l'époque ainsi qu'à un selfie avec un vieil appareil photo et un télégramme de pénis, plutôt qu'une photo envoyée par texto. Le film nous propose aussi sa version des « fake news » ainsi que sa vision rétrograde de la démocratie. Ces propositions auraient pu être intéressantes, mais elles sont si loufoques et mal intégrées qu'on finit par les trouver insipides.
Du côté des acteurs, on ne peut pas dire que Will Ferrell et John C. Reilly n'accomplissent pas leur mission; ils interprètent les versions les plus immorales et incongrues de Holmes et Watson, mais ils ne brillent pas suffisamment pour pardonner tout le reste. Ferrell est déjà arrivé à faire rayonner un film seulement grâce à sa présence lumineuse, mais cette époque est désormais révolue.
Le nouveau film d'Etan Cohen prouve que la comédie au cinéma n'est plus tout à fait ce qu'elle était. Holmes and Watson propose quelques clins d'oeil amusants, sans plus. Il fallait une certaine audace (ou est-ce de la folie?) pour faire paraître cette oeuvre insipide un 25 décembre, là où le lot de films en salles dépasse l'entendement. Le long métrage ne rejoindra pas son public dans les salles sombres, mais peut-être pourra-t-il convaincre quelques adeptes de l'humour absurde de Ferrell en vidéo sur demande... qui sait?