Après avoir affirmé que Toy Story 3 était le dernier volet de la franchise, Pixar nous a annoncé en 2014 qu'elle récidivait avec un nouveau chapitre aux aventures de Buzz, Woody et leurs amis. On nous informait alors que ce nouvel opus serait davantage une comédie romantique. Déjà là, nous doutions fermement du concept et étions agacés par l'entêtement des créateurs à ramener à l'écran des personnages qui avaient pourtant déjà fait leurs adieux au public. Une chose était certaine : s'ils voulaient nous convaincre, il devait élever la barre encore plus haute.
Voilà qu'ils y sont arrivés. Malgré nos réticences préalables, Pixar et ses brillants artistes et artisans nous livrent un produit à la hauteur - sinon supérieur - aux opus précédents. Toy Story 4 nous fait vivre une pléiade d'émotions : on passe des rires aux larmes en seulement quelques minutes. Il s'agit très certainement du chapitre le plus drôle de la série jusqu'à présent. Certains des nouveaux personnages sont responsables de son humour bon-enfant et mordant.
Le monde entier tombera certainement sous le charme de Forky, cette cuichette en plastique qui ne comprend rien des lois de l'univers et qui souhaite plus que tout retourner dans la poubelle, l'endroit où il était destiné à terminer sa vie d'ustensile. Sa naïveté enfantine et sa curiosité touchent droit au coeur les jeunes et les moins jeunes cinéphiles. Bunny et Ducky, deux toutous de fête foraine à la langue bien déliée, apportent aussi une valeur comique indispensable à ce quatrième film. Ces deux peluches à l'attitude durs à cuire sont nos chouchous de cette nouvelle aventure.
Il faut aussi parler du personnage de Gaby Gaby, une poupée qui nous est d'abord présentée comme une chipie, mais qui s'avère bien plus que cela. Pixar nous démontre ici qu'il ne faut pas toujours se fier à sa première impression. On trouve intéressant que la compagnie ait osé apporter des nuances à ces vilains jusqu'à - même - les faire changer de camp en cours de route. Impossible non plus de ne pas mentionner Duke Caboom, ce cascadeur canadien interprété par Keanu Reeves dans la version originale, qui nous offre des moments d'anthologie.
Comme à son habitude, Pixar épate aussi au niveau du rendu visuel. Alors qu'il avait révolutionné le monde de l'animation en 1995 avec Toy Story, il nous propose ici une technique impeccable, digne de films en prises de vue réelles. La pluie, le reflet de la lumière sur le visage en porcelaine de Bo Peep, le pelage irrégulier de Bunny & Ducky puis ce magasin d'antiquités encombré ne peuvent que nous rendre admiratifs.
L'émotion a toujours été l'une des marques de commerce de Pixar qui nous a fait pleurer à de nombreuses reprises, nommément avec Toy Story, mais aussi avec Wall-E, Up et Inside Out. Il faut à nouveau ressortir les mouchoirs avec Toy Story 4 alors que le film nous réserve de grands moments tendres. La musique, à nouveau composée par Randy Newman, appuie ces séquences touchantes de belle façon.
Malgré une trame narrative peut-être plus simpliste que les autres, Toy Story 4 se démarque par son intelligence, sa beauté et sa sensibilité. Pixar nous prouve aujourd'hui son désir de faire honneur à sa citation la plus célèbre : Vers l'infini et plus loin encore.