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La maison de l'horreur.
Enfin un film d’horreur original, surprenant et surtout qui fait vraiment peur! Pas de sursauts faciles pour adolescents en manque de sensations fortes, pas non plus trace des sempiternels ectoplasmes d’opérette et encore moins de réactions idiotes et agaçantes de la part des personnages, choses qui sont légion dans ce genre bis du cinéma trop souvent et injustement désavoué. Non, « His House » est une petite bombe horrifique qui dénote totalement dans sa catégorie et qui remplit son contrat de terrifier et bien plus encore. En outre, c’est un premier film et Remi Weeks s’annonce directement comme un réalisateur à suivre, le pendant britannique de Jordan Peele. En effet, la seule inspiration notable de ce long-métrage semble venir du corridor horrifique ouvert par le cinéaste américain avec « Get Out » et « Us ». Une mouvance innovante mêlant fond social ou sociétal et contexte politique fort et opportun portée par des protagonistes afro-américains. Une densité de propos baignée dans une épouvante encore plus tacite puisque ancrée dans un certain réalisme. Tout cela sans se limiter à être une série B de niche mais plutôt une œuvre horrifique ambitieuse, contemporaine et très à propos tout en étant accessible à tous. Et en ne perdant pas de vue l’objectif premier, celui de faire peur. On y suit donc un couple de migrants obligé de fuir leur pays rongé par des guerres tribales et qui va être accepté comme demandeurs d’asile en Angleterre. De là, ils vont se voir sélectionné pour obtenir un logement social… Logement qui va réveiller les fantômes du passé et leurs peurs les plus enfouies suite à une malédiction. Pour le plus grand plaisir des amateurs de frissons et de peur viscérale.
On apprécie que le film soit concis dans sa mise en place et que les effets de peur débutent assez rapidement. Et le fait que l’horreur s’inscrive dans ce contexte ultra réaliste est encore plus effrayant, en plus d’être original. Ce sont les faits divers d’actualité sur les flux migratoires et la politique d’accueil qui irriguent l’histoire et ce n’est pas commun. La maison de lotissement minuscule dans laquelle se déroule l’action est tout aussi effrayante que peuvent l’être les manoirs décrépis auxquels le genre nous a habitué. Ensuite, la bande sonore malsaine tout comme les bruits étranges ajoutent à cette atmosphère putride et délétère tandis que la créature tétanise aussi bien lorsqu’elle est suggérée que lorsqu’elle se révèle enfin. Le grotesque aurait pu être présent, Weeks l’évite de justesse et avec brio. Le jeu sur le hors champ et les champs/contre-champs, une forme visuelle irréprochable ainsi qu’une maîtrise de la caméra et de l’espace font de ce jeune cinéaste un réalisateur à suivre. Le rebondissement en milieu de film rebat les cartes émotionnelles avec malice et les acteurs inconnus sont bons et participent à la réussite de ce tout petit film dont l’efficacité est redoutable. Enfin, les deux ou trois scènes oniriques voire poétiques du long-métrage étaient risquées mais elles sont contre toute attente réussies, visuellement sublimes et clairement terrifiantes. « His House » est le genre de surprise qui fait plaisir dans un genre parfois sclérosé et en panne sèche d’inspiration.
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