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Malheureux perdant.
Très remarqué et récompensé au festival de la comédie de l’Alpe d’Huez (ce qui n’est pas toujours et forcément un gage de qualité si l’on se rappelle l’horrible et catastrophique « 38,5 Quai des Orfèvres » l’an passé), « Heureux gagnants » sort tout de même fortement du lot de ce que l’humour français peut proposer en salles depuis quelques années. En l’occurrence, soit de la bonne grosse comédie formatée et pantouflarde comme nous en offre souvent des Bourdon, Merad ou Clavier. Soit de la comédie djeuns et quelque peu débile comme les cartons de la bande à Fifi. Soit de la comédie fédératrice, populaire et bien-pensante comme le récent et sympathique « Un p’tit truc en plus » qui cartonne actuellement ou, enfin, de la comédie issue du sérail indépendant et auteuriste.
Ici, on est dans quelue chose de plus rare aujourd’hui : de la comédie méchante et poil à gratter qui s’avère amorale au possible et parcouru d’un humour (très) noir et osé comme a pu nous en offrir Fabrice Éboué avec l’excellent « Barbaque » il y a deux ans. Et, justement, on retrouve l’acteur à l’affiche de ce film à sketches qui prend pour mantra le fait que l’argent ne fasse pas le bonheur. Et ici, il ferait même plutôt le malheur. À travers quatre sketches d’une bonne vingtaine de minutes, « Heureux gagnants » brocarde des gagnants du Loto à qui la cagnotte va rendre la vie (très) difficile (voire pire, mais on n’en dira pas plus). Et, fait plutôt rare, on ne peut pas dire qu’un segment soit vraiment meilleur qu’un autre, l’ensemble étant de qualité assez homogène. Ce qui est un bon point surtout quand dans ce type de propositions, les meilleures histoires sont au début comme dans le récent et horripilant « Kinds of Kindness » dont le premier morceau était relativement le plus acceptable.
On peut également avancer que le casting du long-métrage est très sympathique, fait de têtes connues comme Audrey Lamy et Anouk Grinberg comme de petits jeunots en pleine ascension à l’image de Victor Meutelet et Pauline Clément. La mise en scène est musclée et moderne pour une comédie française et c’est louable. Maxime Govare aime visiblement réaliser ses films en duo avec de nouveaux cinéastes. On a eu par exemple le sympathique « Toute première fois » co-réalisé avec Noémie Saglio ou le très drôle « Les Crevettes pailletées » mis en scène avec Cédric Le Gallo. Cette fois, il s’associe à Romain Choay qui réalise là son premier film également, et ils nous offrent donc un film politiquement incorrect où certaines situations et réflexions sont vraiment amorales et c’est jouissif car de plus en plus rare à notre époque. Malheureusement la structure à sketches handicape un peu le propos même si on comprend bien qu’ici l’argent fait plus le malheur que le bonheur. C’est bien écrit, original et osé mais « Heureux gagnants » souffre d’un gros handicap : il ne fait pas rire. Ni même rarement sourire. Pour une comédie c’est tout de même paradoxal et c’est pour cela que même si elle reste relativement plaisante à suivre on peut dire que c’est une comédie partiellement ratée malgré ces intentions de fond louables et devenues presque exceptionnelles.
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L'argent ne mène pas toujours au bonheur...
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