Heureux gagnants est votre rappel annuel qu'il ne fallait pas prendre les paroles de la chanson « L'argent fait le bonheur » des Respectables au premier degré.
Le film à sketchs écrit et réalisé par Romain Choay et Maxime Govare raconte la façon dont gagner plusieurs millions d'euros à la loterie a complètement chamboulé la vie de différents individus.
Effectivement, « ça ne change pas le monde, sauf que... »
Ce qui devait au départ permettre à tout ce beau monde d'aspirer à une meilleure existence à l'abri du besoin finit par se transformer en un véritable cauchemar pour les principaux intéressés.
D'une course contre la montre pour toucher l'argent remporté, à la malédiction qui semble s'abattre sur un groupe de collègues ayant pris le billet gagnant des mains d'un homme décédé quelques minutes plus tôt, en passant par un trio de terroristes s'interrogeant à savoir si profiter d'un gros lot de 40 millions n'est pas une perspective d'avenir plus sensée et intéressante que de se faire exploser quelque part au milieu de Paris, Heureux gagnants ne lésine pas sur l'humour noir.
Ceci étant dit, le duo ne se donne pas non plus la peine de changer de disque pour varier les plaisirs.
Évidemment, une telle proposition ne peut qu'être inégale en termes d'exécution et d'inspiration. Il n'y a néanmoins ici qu'une vignette que nous puissions qualifier de faible, soit celle de la rencontre fortuite entre une célibataire endurcie nouvellement riche et un joli jeune homme se présentant comme un « citoyen du monde ».
Autrement, la majorité des segments partent d'une idée insolite et suffisamment prometteuse, que le duo aux commandes utilise habilement pour se jouer des attentes du public, mais aussi de sa propre prévisibilité. Car malgré le ton employé, il n'y a pas grand-chose de nouveau sous le soleil dans Heureux gagnants, et ce, aussi bien au niveau de la morale que de la progression dramatique.
Ce qui élève surtout l'ensemble, ce sont les répliques savoureuses, les dilemmes tirés par les cheveux, et les prestations d'une distribution totalement investie, dominée par Fabrice Eboué et Anouk Grinberg.
Ainsi, comme c'est souvent le cas avec une série de vignettes tournant autour d'un même thème, nous finissons toujours par trouver de multiples façons dont les maîtres de cérémonie auraient pu utiliser le temps limité consacré à chaque histoire à meilleur escient, tout en se permettant d'aller beaucoup plus loin à certains égards.
En son genre, Heureux gagnants demeure une proposition menée de manière suffisamment compétente et relevée, mais sans grandes surprises ni originalité.
Le long métrage réserve bien d'excellents moments de comédie éparpillés un peu partout à travers chacun de ses courts récits, mais les finalités de ceux-ci s'avèrent si évidentes et redondantes que nous ne pouvons que rester sur notre appétit.