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Faux et usage de faux.
Voici un film peu commun et qui ne plaira pas à tout le monde tant il met du temps à s’offrir au spectateur. Pendant près d’une heure, on ne sait pas trop quels sont les enjeux, ni les buts de chacun des quatre personnages. On est face à un jeu de de dupes dans le milieu de l’art et de ses faux semblants. Un thriller en mode mineur plutôt attirant et intéressant si l’on veut bien s’y plonger. On a droit à de longues discussions sur l’art, sa critique et son commerce plutôt pertinentes et captivantes. Elles délivrent des clés de compréhension sur les motivations des personnages si l’on est bien attentifs. Cela permet de bien cerner les motivations des protagonistes. Cependant, cela pourra paraître nébuleux voire ennuyant pour qui ne fera pas l’effort ou n’aura pas l’envie de s’y perdre. C’est pourtant brillamment dialogué et avec des débats d’un niveau culturel élevé. De manière paradoxale, c’est une œuvre aussi singulière dans son propos, son rythme et son contexte qu’anodine dans son ensemble. C’est-à-dire qu’elle ne marquera pas le cinéma d’une pierre blanche. De plus, après ces deux tiers plutôt nonchalants, la machine s’emballe dans la dernière demi-heure et suspense et rebondissements s’enchaînent de manière un peu trop accélérée. Et à nous de reconstituer certaines pièces du puzzle selon les informations et comportements que l’on aura pris soin d’interpréter auparavant.
« The Burnt Orange Heresy » peut donc apparaître aussi ludique et original que rébarbatif et insignifiant. Mais il est assez rare et prenant pour qu’on s’y attache. Le quartet d’acteurs est tout à fait probant et leur jeu trouble imprime bien la pellicule. Claes Bang a été découvert dans un autre film sur l’art, la Palme d’or danoise « The Square », et se positionne comme une tête d’affiche convaincante tandis qu’Elizabeth Debicki entretient le doute sur ses intentions avec panache. Plus étonnant, Mick Jagger dans un second rôle est roublard au possible et Donald Sutherland trouve là l’un de ses meilleurs rôles en vieux peintre malin et loquace. Le cadre du lac de Côme est un choix particulièrement intéressant et on regrette qu’il ne soit pas plus mis en valeur. Voire même mal mis en valeur. A contrario la réalisation de l’inconnu au bataillon Guiseppe Capotondi est élégante et racée et colle parfaitement au propos. C’est donc un long-métrage pas forcément aimable de prime abord et quelque peu opaque, qui se révèle en douceur. Non dénué de défauts, il contient néanmoins assez de qualités et sort vraiment du tout-venant de la production actuelle pour qu’on s’y intéresse, notamment par son contexte peu vu au cinéma et par les surprises qu’il réserve.
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